France

L’opinion publique française était divisée au sujet de la guerre d’Espagne. À quelques exceptions près, les prises de position correspondaient aux allégeances politiques. Comme ailleurs, donc, la quasi-totalité de la gauche soutenait les républicains, tandis que la droite conservatrice et l’extrême droite se trouvaient du côté nationaliste.

Comme la coalition de gauche connue sous le nom de Front populaire était au pouvoir au déclenchement de la guerre, nombre d’observateurs s’attendaient à ce que la France envoyât des troupes en soutien à la République espagnole. Cependant, la crainte de voir le conflit s’envenimer, voire dégénérer en guerre mondiale, dissuada le cabinet Léon Blum de s’engager. Bien que le gouvernement fût ouvertement favorable aux républicains – et leur fournît des armes et des avions – jusqu’à juillet 1937, il joua un rôle prépondérant au sein du comité de non-intervention.

Néanmoins, l’adoption de cette politique d’apaisement n’empêcha pas la création d’organisations pro-républicaines et l’adhésion aux Brigades internationales d’environ 9 000 français.es. La plupart de ces volontaires – principalement communistes, socialistes ou anarchistes – parvinrent à se rendre en Espagne en passant par les Pyrénées ou en bateau. La présence de tant de Français en Espagne s’explique en partie par le fait que le principal centre de recrutement du Komintern était situé à Paris. Cependant, il faut aussi noter la présence de tous ces Français qui soutinrent la cause franquiste. L’un des bataillons de volontaires étrangers les mieux pourvus était la bandera Jeanne d’Arc – qui comptait environ 500 Français recrutés pour la plupart dans des organisations d’extrême droite, sans compter leurs compatriotes qui combattirent dans d’autres unités nationalistes. Enfin, les rebelles pouvaient compter sur le soutien actif de la presse nationaliste française.

Ce conflit eut un impact non négligeable sur la société française au-delà des années 1936-1939. Par exemple, le film Espoir, Sierra de Teruel, réalisé par André Malraux et Boris Peskine – et qui ne sortit en salles qu’en 1945 – a contribué à façonner la mémoire de la guerre d’Espagne jusqu’à nos jours. Comme le montre « Les Phalanges de l’Ordre noir », cette guerre s’est aussi très souvent invitée dans le domaine de la culture populaire. De fait, la manière dont la société française perçoit la guerre d’Espagne a beaucoup changé au cours des deux dernières décennies. Entre autres, le rôle joué par La Nueve dans la libération du pays a enfin été reconnu à sa juste valeur et des efforts ont été faits pour mettre en valeur des lieux de mémoire, comme les camps de concentration pour les réfugiés républicains.