Le Populaire
Creator: Section française de l’Internationale ouvrière
Source:
Bibliothèque nationale de France, Gallica, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k823314q
Date Created: 1939-02-14
Type: Newspaper
Extent: 1 item
48.85889, 2.32004
La SFIO – Section française de l’Internationale ouvrière – comptait parmi les plus importants partis français de l’entre-deux-guerres. Avec ses alliés du Front populaire, elle gagna les élections législatives d’avril-mai 1936 et joua un rôle décisif dans l’adoption de plusieurs mesures considérées aujourd’hui comme des acquis – comme le renforcement du droit de grève, les conventions collectives et la semaine de quarante heures. Comme dans le cas espagnol, le Front populaire s’était formé en réaction à la montée du fascisme, suite à l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Cependant, des divisions se firent jour, y compris pour ce qui concernait l’épineuse question de la politique d’apaisement. Alors que Léon Blum, le nouveau président du conseil, et de nombreux socialistes voulaient aider les républicains, d’autres craignaient que cela ne provoquât une guerre avec l’Allemagne et l’Italie. Par conséquent, Blum choisit à contrecœur de ne pas intervenir, quoiqu’il feignît d’ignorer la décision de Pierre Cot, le ministre de l’Air, de livrer secrètement des avions au gouvernement républicain.
Le Populaire (1916-1970) était le journal phare de la SFIO dans les années 1920-1930 – puis à nouveau après la Seconde Guerre mondiale. Blum en était le co-rédacteur en chef, même durant son mandat de premier ministre. Quand le numéro du 14 février 1939 a été publié, Blum n’exerçait plus de responsabilités gouvernementales et pouvait donc se permettre de soutenir ouvertement la cause républicaine. La page de couverture ci-contre illustre parfaitement les efforts des socialistes pour mobiliser l’opinion publique en faveur du Frente Popular.
En premier lieu, l’éditorial de Blum récapitule la position du journal à la suite de la chute de Barcelone et de la décision de Franco du 10 février de fermer la frontière avec la France. Blum maintient son refus de reconnaître la légitimité des nationalistes et rappelle que « des troupes étrangères continuent à occuper une partie de la terre d’Espagne ». Il dénonce aussi la naïveté de nombre de ses adversaires politiques, qui semblent penser qu’il est toujours possible de convaincre Franco de se retourner contre ses anciens alliés.
Un autre article, écrit celui-là par Jean-Maurice Hermann – un journaliste et syndicaliste –traite de la Retirada, qui vit un demi-million d’Espagnols traverser les Pyrénées. L’auteur déplore les conditions de vie désastreuses d’à peu près 140 000 personnes dans les camps d’Argelès et de Saint-Cyprien. Après s’être inquiété des conséquences des pluies diluviennes sur les réfugiés, Hermann réclame la réquisition des camps militaires alentour.
Enfin, l’article intitulé « Ignoble » – écrit par un Am. D. – défend l’honneur de Juan Negrín, accusé de désertion dans un brûlot diffamatoire publié par Léon Bailby, un baron de la presse et antisémite notoire. La réponse d’Am. D. est emblématique de l’omniprésence de vieux conflits politiques. En effet, cet article mentionne la Révolution française de 1848 et la Commune de Paris de 1871. Comme dans de nombreux cas, donc, la couverture de la guerre d’Espagne se mêlait souvent à des considérations nationales et servait de contrexemple à quiconque désirait combattre la montée du fascisme.
A-BV