Le Camp de Rivesaltes, France
Creator: Senn, Paul (1901-1953)
Musée des Beaux Arts, Berne
Source:
Source
Musée des Beaux Arts, Berne, Dép. GKS. © GKS, Berne
Date Created: 1941
Type: Photographs
42.80899, 2.89215
Le camp de Rivesaltes a été le témoin de trois conflits majeurs que la France, l’Europe mais aussi l’Afrique du Nord ont vécu en à peine trois décennies : la Guerre d’Espagne, la Seconde Guerre mondiale et la Guerre d’Algérie. Initialement construit pour être un centre d’entraînement militaire, le camp de Rivesaltes fut entre autres un camp d’internement pour étrangers indésirables, un camp de déportation vers Auschwitz via Drancy, un dépôt de prisonniers de guerre de l’Axe, une zone de transit pour les supplétifs étrangers de l’armée française mais aussi un camp de regroupement des Harkis et de leurs familles.
Divisé en 16 îlots, le camp de Rivesaltes est édifié sur 612 hectares. Parmi les ouvriers qui participent à sa construction certains sont puisés parmi les républicains espagnols internés dans les camps du département des Pyrénées-Orientales (Argelès, Saint-Cypien et Le Barcarès). À la fin de l’année 1940, le ministère de la Guerre cède 9 ilots au Ministère de l’Intérieur. Les premiers convois arrivent en janvier 1941. Le camp est rapidement une pompe aspirante et en six mois y entrent plus de 10.000 personnes : des Juifs étrangers, majoritairement de l’Est de l’Europe, des Espagnols arrivés lors de la Retirada en février 1939 et des nomades français constituent l’essentiel des internés.
Des milliers de Juifs étrangers rejoignent Rivesaltes en 1942 lors que le camp devient le « Centre inter-régional de rassemblement des Israélites ». Sur les quelques 5000 Juifs internés à Rivesaltes entre août et novembre 1942, 2313 hommes, femmes et enfants partent en 9 convois à partir du 11 août 1942 sur Drancy puis Auschwitz. En moins de deux ans, 17.500 personnes auront été internées à Rivesaltes. Le camp ferme en novembre 1942 suite à l’arrivée des troupes allemandes. A la Libération, le camp de Rivesaltes devient un centre de séjour surveillé pour les personnes suspectées de collaboration et un Dépôt de prisonniers de guerre de l’Axe.
En septembre 1962, le camp de Rivesaltes devient un immense camp de transit et de reclassement pour les Harkis et leurs familles. Ce dernier ferme officiellement en décembre 1964 après le passage de près de 21000 Harkis. Jusqu’en mars 1966, les baraques du camp sont utilisées pour l’hébergement de militaires guinéens. Le camp retrouve ensuite sa vocation première. Il connaît un nouveau soubresaut de l’histoire, quand, entre 1986 et 2007, un centre de rétention administrative pour étrangers expulsables y est installé. Il aura fallu près de vingt ans pour que, dans ce paysage inhospitalier de baraques en ruines soumis à des conditions climatiques extrêmes, émerge un Mémorial. S’interdisant d’en détruire la moindre parcelle, l’architecte Rudy Ricciotti a imaginé un bâtiment qui occupe le seul espace ouvert du site, au cœur de l’îlot F.
Inauguré en octobre 2015, le Mémorial du Camp de Rivesaltes - https://www.memorialcamprivesaltes.eu/ - est un établissement public de coopération culturelle, porté par les collectivités fondatrices, la Région Occitanie et le Département des Pyrénées-Orientales. L’exposition permanente a pour vocation de restituer et de transmettre l’histoire du camp de Rivesaltes, témoin des conflits du XXe siècle. Elle interroge également les thématiques qui font l’histoire de ce camp du Sud de la France, comme les déplacements forcés de population, qui perdurent massivement aujourd’hui, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.