L’Espagne en face de la situation internationale
Creator: Negrín, Juan (1892-1956)
Contributor: Delegación de Propaganda
Source:
Archives nationales, France (Fonds Vincent Auriol, 552 AP 22, 2AU15–Dr6)
Date Created: 1938-10
Type: Pamphlet
Extent: 1 item
48.85889, 2.32004
La brochure intitulée L’Espagne en face de la situation internationale a été publiée par la Delegación de Propaganda, une organisation pro-Républicaine basée à Paris. Il s’agit de la traduction d’un discours prononcé le 14 octobre 1938 par Juan Negrín, le dernier premier ministre du Frente Popular. Ce texte a pour but de faire comprendre à ses lecteurs que la guerre ne concerne pas uniquement l’Espagne, mais a aussi une portée internationale. Negrín dénonce le pacte de non-intervention comme un expédient hypocrite et considère les Nationalistes et leurs alliés comme une armée étrangère sur le sol espagnol. Il affirme aussi qu’une victoire républicaine permettrait à la France et au Royaume-Uni d’éviter que le pays ne se range du côté de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste.
À l’automne 1938, les républicains se trouvaient dans une situation désastreuse. Les Brigades internationales venaient juste d’être démantelées, la bataille de l’Èbre tournait à l’avantage des rebelles et Negrín faisait face à une opposition grandissante – dont celle des anarchistes et du POUM. En effet, beaucoup de républicains s’opposaient aux tendances centralisatrices du premier ministre et allaient jusqu’à l’accuser de complaisance envers le PCE et les agents du NKVD – et donc de Moscou.
La Delegación fut fondée en mai 1937. Depuis le début des hostilités, les républicains avaient essuyé plusieurs défaites sur le front diplomatique, alors que les nationalistes jouissaient de réseaux plus solides à l’étranger. Cette carence mena à la création d’une agence de communication pro-républicaine, située au 12, boulevard de la Madeleine – là où se trouvaient les locaux de l’Office espagnol de tourisme. Luis Araquistáin, l’ambassadeur d’Espagne en France, joua un rôle majeur dans cette organisation, qui fut dirigée au début par le compositeur Adolfo Salazar – dont le mandat ne resta pas à la postérité –, remplacé en juillet 1937 par Juan Vicens. Pour beaucoup de républicains, cette nomination sentait le soufre, car le nouveau directeur – précédé d’une réputation d’« apparatchik petit-bourgeois » – était membre du PCE et appliqua la nouvelle politique anti-intellectuels du gouvernement à la Delegación (García, 2009).
Outre la publication de brochures et un siège aux larges vitrines avantageusement situé dans un quartier parisien très fréquenté, la Delegación pouvait aussi compter sur son oficina cinematográfica, dirigée par le célèbre Luis Buñuel. L’organisation collaborait aussi avec des syndicats, des partis et des organisations diverses. Avec des ressources limitées qui donnèrent des résultats mitigés, la Delegación tenta activement de tisser des réseaux avec la société civile et de faire du lobbying auprès de plusieurs institutions – dont des organisations catholiques.
Malgré ces efforts, la Delegación échoua dans sa tâche. Des différends éditoriaux et politiques, ainsi que des problèmes financiers affaiblirent grandement les stratégies de communication de l’agence. Vicens fut remercié en janvier 1939 et remplacé par Eduardo Ugarte, son assistant, dont le mandat s’acheva un mois plus tard, suite à la fermeture définitive de la Delegación.
AB-V