Canada

La guerre civile espagnole interpelle le monde entier, et le Canada ne fait pas exception. Quelque 35 000 personnes originaires de 53 pays deviennent membres des Brigades internationales. Parmi elles, un peu moins de 1 700 proviennent du Canada et environ 750 meurent en Espagne. Sur le plan du nombre de participants par habitant, seule la France se classe au premier rang.  

Le Parti communiste du Canada se charge du recrutement au Canada. Il s’occupe également de l’envoi des volontaires en Espagne, notamment en les aidant à remplir leur demande de passeport, en payant leur voyage et en leur fournissant des valises en carton identiques. Jusqu’à la création du bataillon Mackenzie-Papineau en juillet 1937, la plupart des Canadiens servent avec les Américains, bien que beaucoup choisissent de servir dans les unités polonaises, bulgares, yougoslaves et autres regroupant des volontaires européens. 

Au Canada, la guerre civile espagnole divise la société. La gauche soutient largement la République et les partis politiques de gauche coopèrent à la création du Comité canadien d’aide à la démocratie espagnole. Au Québec, l’Église catholique et les élites politiques et sociales ont des sentiments pro-franquistes. Le premier ministre canadien, Mackenzie King, choisit d’aligner ses vues sur celles de la plupart des dirigeants politiques européens : pas d’intervention. En outre, son gouvernement empêche les Canadiens de se rendre en Espagne en adoptant la loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger en 1937. 

L’impact de la guerre civile espagnole au Canada ne s’est pas arrêté en 1939. Le gouvernement fédéral n’a jamais reconnu le bataillon Mackenzie-Papineau. Plus de quatre-vingts ans après la fin du conflit, la place de la guerre civile espagnole dans l’histoire, la culture et la mémoire du Canada est loin d’être réglée.  

Les dix objets sélectionnés illustrent la gamme d’émotions et d’actions déclenchées par la guerre civile espagnole. Certains témoignent de l’engagement de nombreux Canadiens, déterminés à mettre fin au fascisme en Espagne. D’autres, en particulier des documents de la Gendarmerie royale du Canada et du ministère des Affaires étrangères, expriment des inquiétudes quant à la propagation du communisme au Canada et s’interrogent sur la manière d’empêcher les Canadiens de se rendre en Espagne. 

MM &MMcK