Des demandes de visa pour aller en Espagne
Repository: Library and Archives Canada, Ottawa
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Library and Archives Canada, RG25, Volume 1810, File 1937-11-BS
Date Created: 1937-07-30
Type: Letter
Extent: 1 item
45.42088, -75.69011 , 49.20677, -122.91088
Gedion Menard, Earl Bell Rose et Thomas Sims font partie des centaines de Canadien.ne.s qui ont écrit au ministère des Affaires extérieures pour demander la permission de se rendre en Espagne. Tous trois insistent sur le fait qu’ils n’iront pas en tant que combattants. Le 5 août 1937, le ministère rejette la demande de Thomas Sims en raison des restrictions imposées aux passeports pour les voyages en Espagne.
Sims est un immigrant irlandais et un mineur vivant à New Westminster, en Colombie-Britannique. Il a environ 34 ans lorsqu’il envoie sa demande. Il est aussi un membre du Parti communiste du Canada (PCC) depuis 1936. Cette affiliation politique explique probablement le rejet de sa demande, car l’une des restrictions imposées par le gouvernement est que les voyageurs se rendant en Espagne ne doivent pas intervenir en faveur de l’une ou l’autre des parties en conflit. En effet, le PCC est la principale organisation qui recrute des volontaires canadiens pour aider la République espagnole. Cette demande et son rejet démontrent non seulement le désir d’un homme d’aller en Espagne, mais éclaire également sur le processus de recrutement des Canadien.ne.s pour la guerre civile espagnole et le désir du gouvernement d’y mettre fin.
La position officielle du Canada lorsque le conflit éclate est la neutralité. Cependant, le public canadien s’intéresse de près à la guerre. Cet intérêt diffère dans les deux principales communautés linguistiques du pays. Les Canadiens anglais soutiennent principalement la cause républicaine, tandis que les Canadiens français appuient le général Franco, notamment en raison de sa lutte au communisme. Au sein du Canada anglais, c’est la gauche qui apporte le soutien le plus important. La Fédération du Commonwealth Coopératif (l’ancêtre du Nouveau Parti démocratique du Canada) et le PCC soutiennent tous deux les républicains, mais seul le PCC recrute des volontaires. La Gendarmerie royale du Canada, qui avait déjà à l’œil les activités du PCC, commence immédiatement à surveiller le recrutement.
Le gouvernement fédéral perçoit ces volontaires comme une menace à la neutralité canadienne et à l’unité entre les Canadiens anglais et les Canadiens français. La loi britannique existante interdit « l’enrôlement illégal » dans des guerres étrangères, mais à partir de 1931, le Canada obtient sa souveraineté sur les lois affectant ses relations étrangères, de sorte que de nombreux politiciens pensent que le Canada doit élaborer une loi. La loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger (LCEE) est adoptée, le 10 avril 1937, et est mise en œuvre, le 30 juillet 1937. C’est pour ces raisons que la demande de Sims est rejetée.
La LCEE ne met pas fin au recrutement, car le PCC développe un système permettant l’envoi de volontaires en Espagne sans l’autorisation du gouvernement. Sims réussit à se rendre en Espagne, en septembre, et il revient vivant du conflit. Malgré quelques arrestations et la poursuite de recruteurs, aucune accusation n’est portée en vertu de la LCEE. Au moment où les poursuites commencent, les républicains sont en train de perdre, le recrutement a pratiquement cessé et plusieurs au sein du gouvernement fédéral ne veulent pas susciter la sympathie de l’opinion publique pour les communistes.
La participation de Canadiens dans les guerres à l’étranger est toujours d’actualité. Elle a récemment fait l’objet de discussions concernant le volontariat des Canadiens dans le conflit en Ukraine en 2022.
MMcK