Carte de recrutement
Repository: The Ottawa Citizen
Date Created: 1936
Type: Newspapers
Extent: 1 item
45.42088, -75.69011
En 1933, Margaret Crang, âgée de 23 ans, est élue conseillère municipale d’Edmonton, en Alberta. Surnommée la « girl Alderman » par la presse, elle utilise également son genre au cours de sa campagne, affirmant que les intérêts des femmes devaient être représentés. Elle est réélue en 1935. Cependant, elle perd sa campagne de réélection, deux ans plus tard. Si de nombreux facteurs expliquent cette défaite, l’un d’entre eux est une controverse nationale déclenchée par ses actions lors d’une visite sur le front de la guerre civile espagnole en 1936.
Des documents font état de neuf Canadiennes qui se portent volontaires pour aller en Espagne. Parmi elles, des femmes qui occupent divers postes non combattants, comme les infirmières et Myrtle Eugenia « Jim » Watts, la seule femme membre du bataillon Mackenzie-Papineau. Ces chiffres ne tiennent pas compte des femmes impliquées dans des organisations telles que les Amis du bataillon Mackenzie-Papineau, qui soutiennent les volontaires canadiens sur le front intérieur. Crang n’est pas non plus incluse parce qu’elle a visité l’Espagne en septembre 1936 avec un groupe qu’elle avait rencontré à Bruxelles et qui représentait l’Alberta à la Ligue contre la guerre et le fascisme lors du Congrès universel pour la paix. Dans ses articles envoyés au Edmonton Journal depuis le front, Crang note le grand nombre de combattantes espagnoles. Lors des mois précédant son arrivée, il y a une augmentation considérable du nombre de combattantes républicaines. Ces femmes deviennent progressivement le symbole de la cause républicaine et remettent en question le système patriarcal traditionnel. Ces combattantes et leur remise en question des idées traditionnelles sur la guerre et le combat font également l’objet de débats à l’échelle internationale, y compris au Canada. C’est dans ce climat social et politique que Crang, alors qu’elle se trouve sur une barricade dans les montagnes de Guadarrama, remarque deux jeunes femmes armées. Au milieu de l’excitation générale, elle emprunte un fusil et tire deux coups de feu pour la cause républicaine.
Les journaux locaux d’Edmonton rapportent cette histoire au Canada, et des journaux comme le Toronto Star, le Vancouver Sun et l’Ottawa Citizen publient des articles à ce sujet en octobre 1936. L’Ottawa Citizen publie un fac-similé de la carte d’inscription honorifique de Crang. Une grande partie de la couverture médiatique est très critique à l’égard des actions de Crang. Certains remettent en question son statut de militante pacifiste. D’autres qualifient ses actions de déloyales envers le Canada, qui est neutre pendant la guerre. D’autres encore ciblent explicitement son genre, qualifiant ses actions de « non féminines ». Cette couverture n’est pas surprenante. À cette époque, les politiques sur le genre font l’objet de débat sur la place des femmes comme Crang dans l’espace public et sur l’impact de l’activisme en faveur du droit de vote pour les femmes et du mouvement féministe en général.
Tout au long de sa carrière politique, Crang est confrontée à des préjugés sexistes sur la politique. Après son séjour en Espagne, elle doit faire face à des attitudes sexistes concernant la guerre. L’histoire de Crang démontre non seulement comment cette femme se positionne dans l’environnement patriarcal canadien pendant les années 1930, mais aussi le débat plus important sur les femmes et leur rôle dans la guerre, qui se poursuivra longtemps après que les gens cessent de discuter des deux coups de feu tirés par Crang depuis la barricade.
MM & MMcK