Pamphlet des amis du bataillon Mackenzie-Papineau pour le fonds de réhabilitation des anciens combattants
Repository: Archives of Ontario
Creator: Association of Friends and Veterans of the Mackenzie Papineau Battalion
Source:
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Archives of Ontario Box B229815 F 126-2-0-25
Type: Pamphlet
Extent: 1 item
43.65348, -79.38393
Après le retour au pays de nombreux volontaires canadiens ayant participé à la guerre civile espagnole, les Amis du bataillon Mackenzie-Papineau (ABMP) sollicitent des dons pour aider à financer la réhabilitation des anciens combattants. Une partie de ces efforts consiste à créer de la publicité, comme en témoigne ce dépliant, qui explique ce que ces volontaires ont fait en Espagne, souligne leurs blessures et sollicite des dons. La rhétorique de ce dépliant présente les expériences des anciens combattants en Espagne sous un angle nationaliste. Tout au long du dépliant, on trouve des expressions comme « Tout ça pour le Canada », ainsi que des récits de volontaires fredonnant le « O Canada » au moment de s’enrôler. Le document insiste également sur la participation des anciens combattants à la lutte contre le fascisme. Cette présentation des faits est intentionnelle et évoque le traitement réservé aux anciens combattants de la guerre civile espagnole à leur retour au Canada.
Le bataillon Mackenzie-Papineau, également connu sous le nom du bataillon Mac-Pap, est formé en 1937 et est nommé en l’honneur des deux Canadiens, William Lyon Mackenzie et Louis-Joseph Papineau, l’un anglophone et l’autre francophone, qui ont mené des rébellions contre la domination coloniale britannique en 1837. L’ABMP est créé pour être le visage public des volontaires, en organisant des rassemblements et des collectes de fonds. Cet organisme sert également de façade à l’effort de recrutement, car le nombre de volontaires dépasse les ressources du Parti communiste du Canada (PCC), le principal organisme recrutant des volontaires. En fin de compte, environ 1 700 Canadien.ne.s se portent volontaires pour combattre pour la cause républicaine.
Les anciens combattants, qui ont survécu à la guerre, reçoivent un accueil mitigé à leur retour. La loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger de 1937 interdit la participation du Canada à la guerre civile espagnole. Par conséquent, les volontaires canadiens sont officiellement des criminels selon le gouvernement fédéral. Si le gouvernement fédéral décide de ne pas poursuivre ces individus et les autorise à rentrer chez eux, nombre d’entre eux restent inscrits sur les listes de surveillance de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et ils ne sont pas accueillis chaleureusement par le gouvernement. Cet accueil explique la rhétorique nationaliste du dépliant. L’ABMP tente de présenter le travail des anciens combattants comme « pro-canadien » afin de contrer la position du gouvernement.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, plusieurs anciens combattants de la guerre civile espagnole s’enrôlent malgré la position initiale du PCC selon laquelle les Canadien.ne.s ne doivent pas participer à la guerre. En s’enrôlant, beaucoup y voient la poursuite de leur lutte contre le fascisme. Le gouvernement fédéral n’a pas toujours autorisé les anciens combattants de la guerre civile espagnole à s’enrôler. Certains bureaux d’enrôlement refusent les anciens combattants, alors que d’autres le font sans problème. Lorsque la guerre froide commence et que le sentiment anticommuniste s’accroît, les anciens combattants se heurtent continuellement à l’État fédéral. La surveillance de la GRC se poursuit jusque dans les années 1980. Pour sa part, le gouvernement fédéral considère la création de l’organisation des anciens combattants du bataillon Mackenzie-Papineau et leurs activités comme suspectes. Il bloque leur campagne pour obtenir le statut d’organisme à but non lucratif en 1970. Le 20 mai 1980, l’organisme envoie une lettre au gouvernement fédéral pour demander que le bataillon Mac-Pap soit reconnu pour leur « contribution au Canada » et à la lutte contre le fascisme. Les anciens combattants continuent à s’organiser tout au long de cette période, planifiant des événements sociaux et politiques, et certains vont en Espagne à l’occasion de la 50e réunion des Brigades internationales.
MMcK