Shanghai, the Paradise of adventurers
Creator: Fresco, Mauricio
Date Created: 1937
Type: Books
Extent: 1 item
40.71273, -74.00602
Le livre de Shanghai, the Paradise of adventurers a été publié en 1937 à New York et il est rapidement apparu que son auteur (qui signait sous un pseudonyme) était Mauricio Fresco, le consul du Mexique à Shanghai. Fresco s’en prend aux privilèges des communautés étrangères vivant en Chine dans un cadre juridique d'extraterritorialité, et se concentre surtout sur la communauté espagnole vivant en Chine. Après les guerres de l’opium de 1839-1842 et de 1856-1860, les puissances étrangères ont imposé à la Chine cette prérogative juridique qui empêchait un étranger d’être jugé selon la loi chinoise : c’étaient les consuls qui rendaient la justice à leurs ressortissants selon les lois de leur pays d’origine. Cette situation semi-coloniale est sévèrement critiquée par Fresco dans le livre, car elle favorise les comportements anarchiques et la présence d'aventuriers et d’escrocs venus du monde entier.
Le livre est un succès à Shanghai et coïncide avec la fin de l'extraterritorialité pour les Espagnols, en raison de la démission des diplomates du consulat espagnol qui ont quitté leur poste après avoir déclaré leur soutien aux rebelles franquistes. En l'absence d'un consulat espagnol rendant justice aux citoyens espagnols résidant en Chine, au printemps 1937, coïncidant avec la sortie du livre, le Gouvernement chinois proclamait la fin de ces privilèges pour les citoyens espagnols, établissant un précédent pour l'abolition complète de cette prérogative qui devait avoir lieu quelques années plus tard.
D'autre part, l'ouvrage écrit par le diplomate mexicain, né dans une communauté séfarade de l'Empire ottoman, dresse un portrait cinglant et détaillé de la petite mais dynamique communauté espagnole en Chine, qui allait être divisée par le déclenchement de la Guerre Civile. Cette communauté, telle une Espagne miniature, reflétait certaines des tensions de la guerre elle -même, comme le fait que les missions religieuses étaient aussi les plus gros investisseurs et propriétaires de toute la communauté en Chine, ou la corruption systémique de l'administration publique, qui vendait des passeports et des lettres de protection à quiconque pouvaient se les offrir.
La critique de Crespo visait cependant l'ensemble du système des concessions internationales et des ports ouverts qui portait atteinte à la souveraineté chinoise, un livre qui allait jouir d'une grande popularité et qui serait réédité à l'époque de Mao, une fois proclamée République populaire de Chine. En raison du scandale provoqué par la publication du livre, Crespo quitte le consulat mexicain de Shanghai et s’installe dans le sud de la France, où il collabore avec les services diplomatiques mexicains pour faciliter l'émigration de milliers de réfugiés républicains espagnols qui ont quitté le pays entre 1938 et 1939.
CBB