Hommage à la République espagnole à San Juan

Au début du soulèvement militaire contre le gouvernement légitime de la République espagnole, les défenseurs de la République à Porto Rico ont créé l’Asociación Pro Frente Popular Español, basée à San Juan dans le quartier du Vieux San Juan, sous la direction du consul espagnol Jacinto Ventosa. Elle est composée de journalistes, d'intellectuels, d'étudiants universitaires, de dirigeants syndicaux et de militants nationalistes, socialistes et communistes. L'association organise des rassemblements, des activités culturelles, des conférences et des publications dans ses revues Verdades et Alerta, dénonçant les militaires rebelles et l'intervention militaire italo-germano-portugaise en Espagne.

La revue Verdades, fondée en novembre 1936, a été l'organe principal de l'Association jusqu'en juillet 1937. Elle publiait des interviews, des articles, des chroniques et des essais d'écrivains, d'artistes et d'intellectuels de renommée mondiale. En mars 1937, elle publie la déclaration d'un groupe de professeurs de l'Université de Porto Rico en solidarité avec la cause de la République espagnole. Elle publie également une lettre d'écrivains et d'artistes chiliens, ainsi que la déclaration d'une centaine d'écrivains américains, qui condamnent les actions des rebelles militaires.

D'octobre 1937 à la mi-1938, l'association a publié l'hebdomadaire Alerta. La revue comprend des écrits et des manifestes d'artistes et d’intellectuels de renommée internationale tels que les Cubains Juan Marinello et Nicolás Guillén, le Chilien Pablo Neruda, les Espagnols Rafael Alberti, Miguel Hernández, Antonio Machado et Pablo Casals, et les Portoricaines Carmen Alicia Cadilla et Julia de Burgos. 

En juillet 1938, la revue rend compte de l’hommage à la République espagnole qui s’est tenu le 19 juillet au théâtre Tapia de San Juan. Y assistaient les directeurs de l'Association, des personnalités du corps consulaire espagnol, des dirigeants d'organisations ouvrières, des représentants de l'Université de Porto Rico et les poètes Julia de Burgos et Luis Palés Matos. Le théâtre était orné de drapeaux républicains, ainsi que ceux des Etats-Unis, de la France et du Mexique, mais pas de celui de Porto Rico, interdit par le gouvernement colonial. Des messages du Président Manuel Azaña et du Premier Ministre Juan Negrín ont été lus. Une minute de silence a été demandée en l'honneur des Portoricains Carmelo Delgado Delgado, fusillé à Valladolid, et Pablo Carbonell Cuevas, mort au combat, et trois Portoricains en Espagne ont été honorés : Rubén Gotay Montalvo, Emilio Delgado et Antonio Pacheco Padró. 

Le programme radiophonique Hora de la República était diffusé chaque semaine, mais l'agressivité des partisans du général Franco a conduit à sa suspension. L'animosité à l’égard des sympathisants de la République, soutenue par le gouverneur militaro-colonial Blanton Winship, a conduit certains phalangistes enhardis à agresser physiquement à plusieurs reprises le consul Jacinto Ventosa. Bien qu'il ait porté plainte pour agression contre sa personne, la police coloniale n'a pas inquiété les agresseurs. 

JAOC