Hommage à l'Espagne
Creator: Government of India. External Affairs Department
Date Created: 1937-07
Extent: 1 item
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Ce document, «Hommage à l'Espagne», est le discours que Mulk Raj Anand a prononcé au nom de l'Association des écrivains d'origine indienne au Congrès de l'Association internationale des écrivains pour la défense de la culture qui s'est tenu à Valence en juillet 1937.
Mulk Raj Anand (1905-2004), éditeur, journaliste et enseignant, est l'un des pionniers de l'écriture indienne en anglais. Installé en Angleterre de 1924 à 1945, il a étudié à l'Université de Cambridge où il a obtenu un doctorat en philosophie en 1929. Parmi ses romans les plus importants, citons Untouchable (1935) et Coolie (1936) écrits dans le style réaliste et social. En novembre 1934, il a cofondé l'Association des écrivains progressistes de l’Inde, étroitement liée au nationalisme et au gauchisme de Nehru. Il participe au Congrès mondial des écrivains contre le fascisme en 1935 à Madrid et de nouveau à Valence en 1937. Pendant environ trois mois en 1937, il a servi dans les Brigades internationales dans les tranchées de la Cité universitaire de Madrid.
Correspondant de guerre autoproclamé, Anand écrit pour le Congrès Socialiste et le Front National. Dans ses essais, il compare les paysans indiens souffrant des préjugés de caste et des préjugés coloniaux aux paysans espagnols. Cette comparaison, ainsi qu’une autre entre de grands écrivains espagnols et indiens contemporains, apparaît dans son discours au congrès de Valence.
“Certains d'entre nous, en Asie, se sont tournés vers l'Europe pour y trouver l'inspiration et la fondation d'une nouvelle conscience... Et c'est parce que nous, en Inde, avons cru que la culture occidentale était dans une large mesure synonyme de culture européenne que nous sommes aujourd'hui consternés devant la trahison, par les forces de la réaction, de ce que nous étions venus à considérer, en alliance avec les forces progressistes de la société occidentale, comme l’héritage commun... La survivance d’éléments folkloriques dans la poésie de la péninsule féodale de l'Inde trouve une étroite affinité chez Lorca et Rabindranath Tagore, par exemple. Cela témoigne de la similitude frappante des modes d'expression dans le cadre du féodalisme tel qu’il fonctionne en Inde et en Espagne. Quelle que soit la distance qui nous sépare de l'Espagne, nous, les écrivains de l'Inde féodale péninsulaire, nous sentons une étroite affinité avec les écrivains espagnols. Nous avons souffert et nous souffrons encore des tortures de cet enfer que l'égoïsme et la suffisance de quelques-uns infligent aux vastes masses de la population de tous les pays sous la domination du capitalisme monopolistique. Et parce que le problème des masses agraires de l'Inde n'est pas sans rappeler celui qui a forcé les paysans espagnols à sortir de la féodalité, puisque tous deux ont été opprimés pendant des siècles par un propriétaire rapace, puisque tous deux sont confrontés à la tyrannie brutale d'une classe supérieure soucieuse d’assurer ses privilèges et ses possessions, même si cela implique l'extermination de l'humanité tout entière.”
MS/AT