Le « Comte Rossi » à Majorque : l'Appui Politique Fasciste à Franco
Repository: Gerardo María Thomás Sabater Personal Collection, Palma, Spain
Date Created: 1936-07
Type: Photographs
Extent: 1 item
Geographic Region: Mallorca, Spain
39.6134, 2.88043
Comme une partie des interventions des puissances étrangères dans la Guerre Civile espagnole, et concrètement dans l’intervention fasciste en appui du camp appelé « National », l’île de Majorque constitue un cas unique : là-bas, un représentant du Parti National Fasciste italien exerça un rôle central comme propagandiste, moteur de l’organisation Phalange espagnole des JONS et de la répression. Il s’agit de Arconovaldo Bonacorsi (1898-1962), alias « Comte Rossi » ou « Général Comte Rossi », un membre de la vieille garde fasciste de Bologne et ancien garde du corps de Mussolini, et dirigeant ensuite de la Milice Volontaire pour la Sécurité Nationale, expulsé un temps du parti pour malversations, et envoyé par le Duce à Majorque avec le premier contingent d’avions, pilotes et armes italiennes après la demande effectuée par le chef de FE de las JONS des Baléares Alfonso de Zayas devant la situation où se trouvait l’île, suite au débarquement sur la côte est d’une force expéditionnaire républicaine provenant de Catalogne et commandée par le capitaine Alberto Bayo.
Reçu comme un héros sur l’île, Bonacorsi prétendit sans succès prendre le commandement de tout le contingent franquiste, ainsi que diriger les opérations sur le front de Manacor. Il joua un rôle notable au niveau propagandiste, contribuant à l’expansion de l’organisation fasciste Phalange espagnole des JONS et à relever le moral de la population, terrorisant les personnes loyales à la République par une répression, à la tête d’un groupe appelé « Les Dragons de la mort ».
Il resta sur l’île jusqu’en décembre 1936, une fois la situation stabilisée après la retraite de Bayo, et résultant par ses ingérences un personnage peu commode pour les militaires franquistes – et de même suite auxpressions de la France et de la Grande-Bretagne, qui craignaient qu’il soit le pion de Mussolini pour convertir les îles Baléares en un bastion militaire italien – il fut retiré. Auparavant, il avait participé à l’occupation de l’île d’Ibiza - abandonnée également par Bayo – et à sa répression là-bas, essayant que le haut commandement franquiste autorise une expédition de conquête de l’île de Minorque. Envoyé par Mussolini sur le front de Malaga, il s’intégra au Comando Truppe Volontarie et intervint à nouveau brutalement dans la répression franquiste de cette province.Finalement, et de nouveau à cause de ses ingérences avec les militaires - à présent italiens - il fut retiré à pétition du général Roatta.
La photographie le montre entouré de ses « dragons » et de son interprète et traducteur, le prêtre théatin père Julián Adrover - sur l’image avec une croix blanche sur la poitrine –. Pendant des mois sur l’île de Majorque il vécut toujours entouré de luxe et s’adonnant à des excès de tous ordres. Authentique personnage narcissique et fat, il joua et dirigea un film où il représentait son attaque contre des positions républicaines, sans qu’il ait participé à un combat quelconque. Même s’il fut un des principaux leaders de la répression franquiste à Majorque et Ibiza, l’on a tenté de le responsabiliser de l’ensemble des fusillements, « sorties », « promenades » et tortures effectués par les militaires, phalangistes, carlistes, les Milices Citoyennes et autres secteurs à Majorque quand bien même toutes ces pratiques se poursuivirent après son départ, totalisant plus de 2.000 assassinats.