Premier Conseil des ministres du Gouvernement de Franco, 1938

Le 1er octobre 1936, l'investiture de Francisco Franco Bahamonde en tant que chef d'État a eu lieu dans la Capitainerie générale de Burgos. Franco était un membre de dernière minute de la direction militaire qui a réalisé le coup d'État des 17 et 18 juillet 1936. Un an plus tard, la Junta Técnica del Estado, du côté des rebelles, a institué le 1er octobre comme « Fiesta Nacional del Caudillo » (fête nationale du Caudillo). Le culte officiel du « Caudillo » était ainsi instauré. 

Le service de presse et les services de propagande de la rebellion ont joué un rôle fondamental dans la construction des mythes franquistes. Leur objectif initial était de légitimer la direction du camp rebelle par Franco ; leur conclusion finale fut de donner naissance au « mythe du Caudillo », l'ensemble des histoires créées autour de sa figure et qui expliquent, du moins en partie, le soutien social et l'assentiment général dont il a bénéficié pendant près de quarante ans de dictature.

La dictature de Franco s’est construite et fondée sur la Guerre Civile. Le 19 avril 1937, il signe le décret d'unification des partis créant ainsi un parti unique : la “Falange Española Traditionalista y de Juntas de Ofensiva Nacional Sindicalista” (FET- JONS). En janvier 1938, Franco forme son premier gouvernement et promulgue une loi sur l'Administration centrale de l'État. La photo montre Franco avec ses ministres. L’article 17 de cette loi donne à Franco le pouvoir de « dicter des normes juridiques de caractère général ». Enfin, le 8 août 1939, une loi est votée qui donne au dictateur le pouvoir d'exercer des fonctions gouvernementales et de promulger des lois ou des décrets même en dehors du Conseil des ministres. 

La configuration de ce gouvernement en 1938, et de ceux qui lui ont succédé, mettaient en évidence les trois piliers sur lesquels Franco a fondé son pouvoir : l'Armée, l'Église et la Phalange. Outre ces trois piliers, Franco, en tant que dictateur, a utilisé les deux grandes cultures politiques du régime espagnol : la culture fasciste et la culture nationale-catholique.

Franco a géré avec pragmatisme le pouvoir absolu et total qu’il avait conquis. Il a ainsi laissé une grande marge de manœuvre à ses collaborateurs. Cette marge de manœuvre, et les différents intérêts et sensibilités au sein de la coalition ultraconservatrice qui gouvernait, ont permis au Généralissime d’adopter le rôle d'arbitre. Un arbitre qui exigeait une fidélité totale. Ce système a transformé le pouvoir et la politique de la dictature en un réseau de parrainages et de clientélisme. Un réseau pyramidal qui aboutissait toujours au même sommet : le dictateur. 

OBR