La bourgeoisie républicaine : le pouvoir
Source:
Terra e Memoria, fondo Nomes e Voces-Histagra (Martínez Pérez), nº 22260018 0001
Date Created: 1936
Type: Photograph
Extent: 1 item
Cette photo montre Emilio Martínez Garrido, maire de Vigo - au centre, avec des lunettes - accompagné d'un groupe de civils et de militaires lors d'une visite institutionnelle au cimetière de Pereiró, à Vigo. Parmi les personnes photographiées se trouve le capitaine d'infanterie Antonio Carreró Berges - à droite du maire, avec le sabre – qui, quelques mois seulement après la prise de la photo, a ordonné l’exécution de Martínez Garrido lui-même, ainsi que de huit autres membres de la Corporation locale, sur ces mêmes murs du cimetière de Pereiró. La photographie montre la disposition même du pouvoir à l'époque précédant le coup d'état et révèle la signification profonde de la violence déployée pour le réaliser. Elle montre la prééminence de la bourgeoisie républicaine, dont Emilio Martínez Garrido, industriel et homme politique socialiste est un bon représentant, et les raisons de fond de la nécessité pour les militaires putschistes de transformer les puissants en criminels afin de légitimer leur action factieuse.
Depuis la fin du XIXe siècle et tout au long du premier tiers du XXe siècle, dans toutes les villes et villages de taille moyenne de la Galice, une nouvelle classe bourgeoise s'est développée en raison des changements économiques et sociaux de l'époque. Le développement de nouvelles industries, la croissance du secteur des services et des professions libérales ont fait émerger une nouvelle classe qui s’est identifiée majoritairement aux idées progressistes, libérales et républicaines. Cette bourgeoisie a participé à la formation des grands mouvements sociaux et politiques de l’époque, comme l'agrarisme ou le mouvement ouvrier, en plus de nourrir les rangs du républicanisme et du galicianisme. Sa prééminence explique, par exemple, la victoire obtenue par la candidature républicaine aux élections locales de 1931 dans les principaux centres urbains et semi-urbains de Galice.
Positionnés dans différents partis au sein du large éventail républicain, ils avaient en commun leur rejet du militarisme et leur soutien aux options réformistes et pactistes, de droite comme de gauche. De nombreux députés, conseillers et maires de la période républicaine appartenaient à ce groupe qui a ainsi accumulé un grand capital de pouvoir politique et social. Pour toutes ces raisons, ils ont été une cible privilégiée des putschistes et ont subi la violence de manière très intense, constituant une partie substantielle des victimes du coup d'État de 1936 en Galice.
AMM