La poche de Bielsa

L'hiver et le printemps 1938 sont désastreux pour la République. La défaite finale en février lors de la très dure bataille de Teruel est suivie du désastre de la rivière Alfambra, où des milliers d'hommes sont tués ou faits prisonniers, ainsi que de lourdes pertes en matériel de guerre. Sans laisser de répit, les troupes franquistes lancent l'offensive d'Aragon début mars, qui effondre le front et divise le territoire républicain en deux avec l'arrivée des troupes franquistes en Méditerranée, à Vinaroz, le 15 avril. La Catalogne est ainsi isolée et mal défendue. Commettant une erreur stratégique, Franco, au lieu de conquérir la Catalogne, décide de tourner ses troupes vers le sud pour s’emparer de Valence. Il n'y parvient pas, car ses troupes sont bloquées et subissent de lourdes pertes face aux défenses bien conçues situées au nord et à l'est de la ville. L'armée républicaine a ainsi eu le temps de se réorganiser en Catalogne et de préparer l'attaque qui a conduit à la traversée de l'Èbre en juillet.

Au milieu du cataclysme militaire républicain, un petit miracle est apparu : la poche de Bielsa (14 avril au 15 juin 1938). La 43e division de l'Armée populaire s'est retranchée dans cette vallée pyrénéenne résistant avec bravoure et efficacité aux attaques des forces rebelles, largement supérieures en nombre. Au total, quelque 7 000 hommes, commandés par un major de la milice, Antonio Beltrán “El Esquinazao”, contre 14 000 hommes, fortement appuyés par l'aviation, utilisée à plein, sous le commandement du général José Solchaga. Cependant, à la fin du mois de mai, il devient évident que la résistance ne pourra pas continuer, en raison des renforts ennemis de plus en plus nombreux et du manque d'armes et de munitions. Un retrait échelonné vers la France est organisé, ce qui permet de sauver l’ensemble de la division encerclée et d’y inclure quelque 4000 civils. 

La propagande républicaine accorde une grande importance à cet exploit. C'est une consolation au milieu de la catastrophe. Elle souligne également que lors du référendum organisé par les autorités françaises parmi les troupes repliées, seuls 411 soldats et 5 infirmières ont décidé de retourner dans l’Espagne franquiste. En revanche, 6889 soldats ont voté pour la poursuite du combat et ont donc retraversé la frontière à Portbou pour rejoindre les forces qui défendaient la Catalogne. 

Tout cela est raconté dans le film d'actualités de propagande républicaine « Héros de l'Espagne : la 43e division » que l'on peut voir ci-dessus.