Manifestations de masse et mise en scène du pouvoir putschiste
La chute rapide du territoire galicien sous la domination des rebelles a fait de la Galice de l’arrière-garde l’une des scènes potentielles pour tester diverses formules de propagande. L’objectif premier était, par le biais de divers mécanismes de contrainte et de coercition, de faire apparaître l'adhésion et l'harmonisation de la société aux lignes directrices et aux valeurs que le Nouvel État devait représenter.
À cet égard, les militaires rebelles ont délégué une grande partie de l'aspect propagandiste à la Phalange, bien qu'en collusion et en coordination avec les différentes autorités désignées pour occuper des postes civils importants et la bénédiction de l'Église catholique. La Nouvelle-Espagne, contrairement à la lutte des classes prônée par le marxisme et qui, selon le récit putschiste prévalait dans les zones loyales à la République, devait maintenant faire preuve d'une cohésion harmonieuse et d'une verticalité rigoureuse.
L'appareil et l'histrionisme propres à un fascisme à caractéristiques espagnoles sont devenus des expressions fréquentes pendant la guerre. Les caractéristiques particulières du territoire galicien ont fait que la plupart des manifestations ont été organisées par les maires et les chefs locaux de FET et JONS dans de petites communes rurales où la dimension de l'enclave permettait un contrôle plus étroit de l'assistance dans un contexte où la peur et la suspicion d'être constamment surveillé devenaient le pain quotidien.
Un nouveau calendrier de « jalons nationaux » a été imposé, dans lequel ce type d’exaltation est devenu la norme. Le 18 juillet, le Jour du Caudillo (1er octobre), le Jour de la Race (12 octobre) ou le Jour de l'Unification (19 avril) étaient les plus significatifs. C'est précisément à ce dernier qu’appartient la photographie ci-jointe, où, harangués depuis le siège du pouvoir civil, le Pazo de Raxoi, par le chef provincial du mouvement et le maire de Saint-Jacques-de-Compostelle, 15000 partisans supposés se rassemblent dans l'actuelle Praza do Obradoiro.
GUPC/MCV