Lettre du consul belge à Barcelone, Jules Simon

Lorsque la Guerre Civile a éclaté, la chaîne du pouvoir institutionnel s'est brisée en plusieurs parties sous les yeux de tout le monde, y compris des représentants diplomatiques à Barcelone comme le consulat de Belgique. Bien que la Constitution de 1931 et le Statut d'autonomie de la Catalogne de l'année suivante marquent les frontières de la répartition des attributions publiques, l'effondrement de l'État à l'été 1936 a tout transformé. Avec des zones d'Espagne isolées comme le Pays basque et une partie de la Cantabrie, avec un front d'Aragon dominé par les milices anarchistes venues de Barcelone et avec des comités provinciaux partout, la zone républicaine est devenue un puzzle de pouvoirs territoriaux avec un léger lien avec le gouvernement de la République espagnole encore en place. 

Le gouvernement de la Généralité présidé par le nationaliste de gauche (ERC), Lluís Companys, vivra dans une relation schizophrénique avec les divers organismes de pouvoir réel et officiel avec lesquels il devra s'entendre. Pratiquement devenue l'administration d'un État de facto indépendant, mais sans pouvoir contrôler pleinement son territoire aux mains des milices anarchistes ou d'autres formations comme le POUM, la Généralité outrepassera ses compétences statutaires : contrôle des frontières, émission de papier monnaie, appropriation des délégations de la Banque d'Espagne, création d'une Armée de Catalogne et d'un Conseil de Défense, en plus d'un décret de collectivisations qui toucherait de nombreuses entreprises étrangères comme la belge Solvay et ses mines en Catalogne. 

Tout était résumé dans une lettre du consul belge, Jules Simon, de novembre 1936 au premier conseiller catalan, Josep Tarradellas. La plainte et la réclamation déposées au nom de la société Solvay étaient claires : la saisie des mines de potasse de Súria, des bureaux de la société et de ses dépôts bancaires était en dehors du cadre légal. La Généralité enfreignait la loi.