Les affrontements de mai 1937 à Barcelone
Creator: Brangulí i Soler, Josep
Repository: Arxiu Nacional de Catalunya, Sant Cugat del Vallès
Source:
Date: 1937-05-3/7
Source:
Brangulí. ANC-1-42-N-34822 (Arxiu Nacional de Catalunya, Sant Cugat del Vallès)
Date Created: 1937-05-03
Type: Photograph
Extent: 1 item
41.38265, 2.17699
Gagner d’abord la guerre, et ensuite faire la révolution ? Faire la révolution pour gagner la guerre ? Ces questions, formulées en ces termes ou avec des nuances, commencèrent à recevoir une réponse, de manière très crue, à partir du 3 mai 1937, à la suite des crises politiques et idéologiques qui s'enlisaient depuis la formation du premier gouvernement de Josep Tarradellas, en septembre 1936.
Au début du mois de mai de cette année-là, le champ de bataille était relativement bien défini. D'une part, on avait les partis et organisations «d'ordre», de gouvernement : Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) et ses alliés habituels Acció Catalana Republicana (ACR) et Unió de Rabassaires le syndicat agraire, mais aussi Estat Català les nationalistes radicaux, le Partit Socialista Unificat de Catalunya (PSUC, les communistes orthodoxes de ligne strictement stalinienne), et l'Union Générale des Travailleurs (UGT), le syndicat socialiste. Il s’agissait d’une alliance de forces antifascistes qui, après les premiers mois de la guerre et de la révolution, avaient établi quelques priorités très claires : réorganiser le pouvoir effectif de la Généralité (surtout l’ordre public, la défense et les approvisionnements), centralisation des efforts militaires et armés pour gagner la guerre, défense des conquêtes sociales de la vague révolutionnaire de l'été et de l'automne 1936, mais fin de la violence révolutionnaire et des collectivisations incontrôlées et hors du cadre des décrets d'octobre 1936.
En face, on avait une coalition hétérogène de forces anarchistes (CNT, FAI et groupes apparentés) et le Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM, communistes anti-staliniens), qui défendaient l'efficacité de la formule « faire la révolution pour gagner la guerre antifasciste ».
Les affrontements ont débuté le 3 mai, lorsque les forces de l'ordre de la Généralité ont tenté de récupérer le bâtiment central de Telefónica à Barcelone, occupé par des éléments anarchistes depuis le début de la guerre, point clé pour le contrôle des communications du territoire catalan. Les parties en présence ont immédiatement compris que la tentative d'expulsion du bâtiment allait au-delà d'une manœuvre ponctuelle. Quiconque perdait dans cette confrontation, perdait la possibilité de mener la guerre, et peut-être la révolution. Pendant cinq jours, les affrontements armés se sont succédé et ont fait près de 500 morts. Cette petite guerre civile dans la Guerre Civile s'est terminée avec l'intervention décisive des forces de l'ordre du gouvernement républicain. Quelque 3.000 gardes d'assaut se sont rendus à Barcelone pour prendre le contrôle de la situation.
Lorsque les affrontements cessèrent, s’ouvrit la dernière grande étape historique de l'arrière-garde catalane et espagnole dans la Guerre Civile : anarchistes et membres du POUM devinrent l'ennemi intérieur (le POUM fut interdit et ses militants, poursuivis et jugés). Dans la Généralité, la coalition ERC-PSUC s'est imposée au prix pour les républicains de céder leur hégémonie politique et sociale aux communistes. À un niveau supérieur, la crise du Gouvernement républicain, avec le départ de Francisco Largo Caballero et son remplacement, à la Présidence du gouvernement, par le Dr Juan Negrín (PSOE), a impulsé les politiques centralisatrices du Gouvernement espagnol : renforcement du contrôle de l'ordre public en Catalogne, récupération des compétences laissées aux mains de la Généralité, centralisation de l'effort de guerre et conduite stratégique (industries de guerre, Armée populaire).
FVV-A