Timbre français rendant hommage à Cristino García Granda

Ce timbre français émis en 1946 rend hommage à Cristino García Granda (1913-1946), l'un des milliers d'exilés républicains qui ont rejoint la Résistance après la chute de la France. Le texte du timbre indique qu'il a été «assassiné» par Franco.

La Résistance française a commencé, de manière très désorganisée et minoritaire, avec la défaite de juin 1940. La catastrophe militaire surprend des centaines de milliers d'Espagnols dans ce pays. Parmi eux, beaucoup ont une expérience militante et militaire. Ils vont désormais être harcelés, souvent persécutés, et souvent menacés de déportation dans des camps de concentration ou assassinés par les nouvelles autorités de Vichy et les nazis. Pour les Espagnols, rejoindre la Résistance est à la fois un choix idéologique de lutte contre le fascisme et une tentative de survie.

L'incorporation des Espagnols à la Résistance commence dans les Compagnies des Travailleurs Étrangers. Ces groupes se forment spontanément et en fonction de l'idéologie de leurs membres. Les relations formelles entre les communistes d'un côté, les anarchistes et les socialistes de l'autre, étaient très mauvaises, même si ce n'était pas toujours le cas sur le plan personnel. Leurs activités initiales se concentraient davantage sur la protection de personnes en fuite ou en danger, les Allemands cherchaient des travailleurs forcés, que sur la confrontation avec l’occupant ou le régime de Pétain. Ces actions sont coordonnées avec leurs camarades français, même si, jusqu'en juin 1941, la politique officielle des communistes français, dictée par Moscou, est de ne pas résister. 

La réorganisation de la Résistance française comme force de combat et de guérilla appelée Maquis, n’a lieu qu'au cours de l'hiver 1942-1943. Trois grandes zones de guérilla sont créées dans des zones montagneuses ou accidentées : les Alpes, le Massif central et les Pyrénées. Quelque 14000 Espagnols sont actifs dans chacune de ces régions, mais surtout dans le sud, c'est-à-dire dans les Pyrénées. À cette époque, les Espagnols s'étaient spécialisés dans le renseignement et dans l'aide à l'évasion des civils persécutés et des militaires alliés pour passer en Espagne. La première guérilla entièrement constituée d'Espagnols est créée en avril 1943.

La lutte dans la guérilla est extrêmement sanglante. L’un des épisodes les plus brutaux se situe au début de l’année1944, lorsque les Allemands, appuyés par la milice de Vichy, défont le maquis dans la région d'Annecy (Alpes). La tentative de «libération» de cette zone par 465 guérilleros, dont 56 Espagnols, fait 155 morts dont cinq Espagnols. 175 autres dont six Espagnols sont faits prisonniers, puis la plupart assassinés par la suite.

L'euphorie de la libération de la France conduit le Parti communiste espagnol (PCE) à estimer que la chute de Franco est imminente. Pour l'accélérer, il envoie en octobre 1944, quelque 7000 vétérans espagnols du maquis envahir le Val d'Aran. L'armée franquiste réagit rapidement et efficacement. L'aventure se solde par 129 guérilleros tués et près de 600 blessés. Les prisonniers sont jugés et plusieurs sont fusillés.

Cristino García Granda, qui avait acquis de l'expérience dans le combat de guérilla pendant la Guerre Civile, est devenu un célèbre commandant de la Résistance et a été reconnu par le Gouvernement français comme un héros de la France. En 1944, il a participé à l'invasion du Val d'Aran. Il est arrêté à Madrid en 1945 et exécuté l'année suivante.