Impacts de balles sur une vitrine de la rue Goya (Madrid) lors de l'attentat commis par un groupe de phalangistes contre le professeur socialiste Luis Jiménez de Asúa
Creator: Sánchez García, Alfonso “Alfonso” (1880-1953)
Source:
Biblioteca Virtual de Prensa Histórica, Ministerio de Cultura
Date Created: 1936-03-13
Type: Photograph
Extent: 1 item
40.4167, -3.70358
Le cliché selon lequel la Seconde République aurait donné naissance à un climat de violence irrespirable que seul un soulèvement militaire pourrait endiguer est un mythe produit par la propagande franquiste pour exonérer de toute responsabilité les généraux qui se sont soulevés le 18 juillet. Mais cela ne signifie pas que sa présence récurrente n'a pas eu de conséquences graves sur la vie politique républicaine. La violence a sapé la légitimité des gouvernements et des institutions, renforcé les secteurs les plus radicalisés, conduit à une augmentation la répression de l'État et alimenté la méfiance des citoyens envers la démocratie.
De nombreux acteurs ont postulé et pratiqué l'exercice de la coercition pour atteindre leurs objectifs et améliorer leur position dans l'arène politique. Une culture transversale de la violence s'est ainsi développée, qui convergeait dans le rejet de la légalité et des voies institutionnelles et dans la représentation de l'adversaire comme un ennemi avec lequel il n'y avait pas de place pour le compromis ni de possibilité de cohabitation. L'apologie de la force est indissociable de la conception instrumentale de la démocratie popularisée dans ces années-là, qui la valorise en fonction de son utilité pour atteindre certains objectifs et l'associe à l'exercice exclusif du pouvoir.
Les études quantitatives sur la violence politique dans la République font état de plus de 2 600 morts. La violence s’est accrue au cours des deux premières années. Les épisodes les plus virulents et les plus choquants sont l'incendie des couvents en mai 1931, les massacres de Castilblanco et Arnedo en janvier 1932, les deux insurrections anarcho-syndicalistes, et le soulèvement avorté du général Sanjurjo en août 1932.
La phase radicale-cédiste a été la phase la plus meurtrière de la période républicaine. La combinaison explosive de la radicalisation socialiste et de l'action armée de Phalange a fait explosé le nombre d'assassinats par violence politique (Matías Montero, Juanita Rico, Joaquín de Grado...). Les conflits les plus importants sont la troisième rébellion libertaire (décembre 1933), la grève générale des paysans de juin 1934 et, surtout, la révolution d'octobre 1934 qui, avec la répression qui s’ensuivit, fit au moins 1300 victimes.
La violence politique a été plus déstabilisante et persistante au cours du long printemps 1936. Le triomphe du Front populaire a déclenché un cycle de mobilisation intense, caractérisé par des manifestations, des incendies anticléricaux, des occupations de terres et des grèves. Cependant, la majeure partie des décès est due à l'essor du pistolérisme, avec notamment les attentats contre le magistrat Manuel Pedregal, le lieutenant José del Castillo et José Calvo Sotelo. La photographie, publiée dans le journal La Libertad, montre l’un des impacts de balle causés par des phalangistes le 12 mars 1936, dans une vitrine de la rue Goya à Madrid, lorsqu’ils ont tenté d’assassiner le professeur socialiste Luis Jiménez de Asúa.
SVM