Évitez les maladies vénériennes, aussi dangereuses que les balles ennemies
Creator: Carmona, Darío
Contributor: España. Inspección General de Sanidad Militar
Source:
Memòria Digital de Catalunya, Universitat de Barcelona
Date Created: 1936, 1937
Extent: 1 item
41.38289, 2.17743
Pendant la Guerre Civile espagnole, la prostitution est un sujet de préoccupation pour diverses raisons. Les autorités des deux camps y voient avant tout un problème de santé publique qui entrave l'effort de guerre. Tel est le message véhiculé par une célèbre affiche républicaine de l'époque, où la question de l'hygiène est assimilée à un terrible danger : « Évitez les maladies vénériennes, aussi dangereuses que les balles ennemies ».
L'affiche, réalisée par Darío Carmona, a été publiée à Barcelone par l'Inspection générale de la santé militaire vers 1937. L'image reflète une vision traditionnelle des sexes. La femme, habillée de manière provocante, est la dangereuse séductrice qui égare le soldat naïf. Carolina Rodríguez, dans son étude sur les affiches anti-vénériennes, conclut que ce type de produits visuels « se caractérise par la présentation de la prostituée comme symbole d’infection et de dégénérescence ».
On a tendance à blâmer les prostituées alors qu'en réalité, c'est la demande masculine qui génère l'offre. À Barcelone, comme le raconte dans un livre-témoignage Eulalio Ferrer, exilé républicain qui triomphera au Mexique en tant qu'entrepreneur, «des dizaines de jeunes filles se tenaient à l'entrée même de la caserne Karl Marx, s'offrant pour une misérable pitance».
Les circonstances de la guerre ont rendu public le privé. Les troupes ne doivent pas gaspiller en sexe les énergies dont la nation a besoin pour surmonter un moment de crise. Le corps des soldats étant un outil de guerre, il faut veiller à ne pas l'abîmer pour gagner la guerre. Le titre d'un article de presse de l'époque, « La santé est une arme », traduit bien cette mentalité. De son côté, le poète Miguel Hernández supplie les hommes qui revenaient de la ligne de front, de faire preuve de retenue pendant leur période de repos, de ne pas faire d’excès avec l'alcool, le tabac ou leur «condition masculine».
Les maisons closes étant une menace à éradiquer, les mises en garde contre ce « fléau » se multiplient dans la presse républicaine. Il y a d’ailleurs de bonnes raisons de s’alarmer : certaines unités républicaines perdent plus d’hommes à cause des maladies vénériennes qu’au combat. La situation dans la zone franquiste est similaire. Les statistiques de la province de Badajoz en février 1938 montrent qu’il y a plus de cas de maladies vénériennes que de blessures ou de décès. Leur incidence a généré une source de complications pour l'armée, car elles entraînaient généralement un séjour plus long à l'hôpital.
FMH