Renommer les Rues
Repository: Archivo de la Administración General, Madrid, Spain
Repository: Estudio Fotográfico "Alfonso"
Source:
Reference Code
ES.28005.AGA//008958
Date Created: 1937
Type: Photograph
Extent: 1 item
Geographic Region: Madrid, Spain
40.4167, -3.70358
La loi de Mémoire Historique de 2007, élaborée par le gouvernement de José Luis Zapatero, inclut une provision pour retirer objets et symboles d’édifices et de lieux publics qui célèbrent le coup d’État de 1936 et la répression franquiste. Les noms des rues qui commémoraient le coupd’État, ses instigateurs et les héros du régime étaient parmi les nombreux objectifs de la législation. Cependant, changer le nom des rues n’est pas du tout nouveau dans l’histoire contemporaine de l’Espagne, et a eu lieu dans le cadre d’initiatives politiques et sociales depuis au moins la Seconde République.
La Gran Vía à Madrid est un excellent exemple. Juste avant le début de la Guerre Civile elle avait été nommée Avenue de la CNT en honneur au syndicat anarchiste. Au début de la guerre, elle était connue comme l’Avenue de Russie et ensuite de l’Union Soviétique, comme on le voit sur la photographie, soulignant l’appui soviétique à la cause républicaine, bien que moins populaire que le surnom d’Avenue des Obus à cause du bombardement constant des rebelles pendant le siège de Madrid. Sous la dictature franquiste elle fut appelée Avenue José Antonio. Le nom original de la Gran Vía, aujourd’hui utilisé, fut restauré par le maire socialiste Enrique Tierno Galván en 1981. De la même façon, la Diagonal de Barcelone a eu différents noms, dont celui du 14 avril et Generalísimo Franco, bien qu’elle soit revenue à son nom original du XIXème siècle. Partout en Espagne, rues et places ont souffert de changements similaires de noms depuis le Guerre Civile selon les initiatives politiques et civiques locales.
Les initiatives de changer le nom des rues ont été fréquemment polémiques, ce qui montre jusqu’à quel point la construction culturelle des lieux est liée avec les sujets de mémoire. Le maire du Partido Popular de Madrid Alberto Ruiz Gallardón ignora pratiquement les implications de la loi de 2007, pendant que le maire de Ahora Madrid Manuela Carmena s’engagea à le faire et créa une commission avec des personnes d’idéologies différentes pour le mener à bien. La mesure créa de la controverse et quelques confusions. En 2017 quelques noms furent changés on line mais pas physiquement. Ainsi, l’avenue de la Victoire de Madrid, qui mène jusqu’à l’Arc de la Victoire et la Cité Universitaire, fut renommée avenue de la Mémoire sur les cartes digitales mais pas sur le tissu urbain. Plus récemment, le parti d’ultradroite Vox a exigé que l’on enlève les noms de dirigeants de gauche comme Commandant Ernesto Che Guevara et parc Che Guevara à Saragosse, où Vox a de l’influence dans le gouvernement municipal. Les allers-retours des noms de rues en Espagne dépendent non seulement de changements politiques majeurs au niveau national, mais aussi de pressions locales de la gauche ou de la droite.