Lettre d'Albert Einstein à Émile Vandervelde
Repository: Institut Émile Vandervelde
Creator: Albert Einstein
Source:
Fuente
Institut Émile Vandervelde, Fonds Vandervelde, EV/IV/184, Bruselas (Bélgica).
Idioma original
Alemán
Date Created: 1937-01-28
Type: Letter
Extent: 1 item
La raison de la lettre manuscrite d'Albert Einstein à Émile Vandervelde fut la démission de ce dernier, à compter du 27 janvier 1937, de son poste de ministre de la Santé Publique au sein du gouvernement belge. Dans cette lettre, Einstein exprimait son soutien et sa reconnaissance à Vandervelde pour sa décision de démissionner. Il transmettait également au leader socialiste ses sentiments sur ce qui se produisait en Espagne. Il écrit qu'il éprouvait de la honte face à l'attitude des démocraties européennes à l'égard du peuple espagnol et qu'il pensait que derrière cette attitude se cachait non seulement la peur d'une guerre européenne, mais aussi des intérêts financiers méprisables.
Le fait qu'une personnalité telle que le scientifique allemand ait adressé une lettre à caractère personnel à Vandervelde ne devrait pas surprendre compte tenu de la dimension politique internationale qu'avait le leader socialiste belge dans les années 1930. Le socialisme belge, avec Vandervelde à sa tête, était profondément impliqué dans l'Internationale Socialiste et Ouvrière et jouait un rôle majeur dans son action politique. Son départ du gouvernement eut donc un impact sur la scène socialiste internationale.
La lettre établit un lien direct avec la guerre civile espagnole. En effet, la cause de la démission du leader socialiste fut la crise gouvernementale provoquée par l'affaire Borchgrave, c'est-à-dire l'assassinat du baron Gérard-Jacques de Borchgrave dans une zone du front contrôlée par la République. Ce décès déclencha une crise diplomatique qui eut d'importantes ramifications internes tant au sein de l'exécutif belge qu'au sein du Parti Ouvrier Belge (POB). En pleine négociation entre les gouvernements belge et espagnol pour établir les responsabilités dans la mort du baron, Vandervelde manœuvra par l'intermédiaire du journal Le Peuple pour affaiblir la position de négociation du ministre belge des Affaires Étrangères, également socialiste, Paul-Henri Spaak, et favoriser ainsi la position de la République espagnole. Cette série d'événements provoqua des tensions au sein du Conseil des Ministres, mettant en péril la stabilité de la coalition gouvernementale. Compte tenu des profonds désaccords entre les ministres socialistes sur les affaires espagnoles (Spaak bénéficiait du soutien d'Henri De Man, ministre des Finances, et Vandervelde de celui des trois autres ministres socialistes, Joseph Merlot, Achille Delatre et Désiré Bouchery), le Premier Ministre, Paul Van Zeeland, se mit d'accord avec Vandervelde pour que ce dernier démissionne. Cette mesure devait prendre effet le 27 janvier 1937 afin de préserver la coalition gouvernementale.
Malgré tout, l'affaire Brochgrave révéla les dissensions politiques au sein du POB à propos de la guerre civile espagnole.
JVV