Lettre de Paquita Artime Menéndez à José Barreiro, 1947
Creator: Artime Menéndez, Paquita
Source:
Fundación José Barreiro (FJB)
Date Created: 1947-05-30
Type: Letter
Extent: 1 item
43.21304, 2.34911
Dès le début du XXe siècle, les Asturies ont constitué une référence dans l'histoire de l'Espagne en raison de leurs racines républicaines et de la présence d'une classe ouvrière consciente et combative, d’une nouvelle morale prolétarienne, laïque et vindicative. L'avènement de la Seconde République a renforcé la présence et l’importance des femmes socialistes dans la défense de la démocratie et des droits de la femme. Elles font partie du Front populaire lors des élections de 1936. Elles s’opposent au coup d'État. Elles entament une résistance républicaine qui les conduit à l'exil et restent en exil pendant la dictature franquiste.
« Quelque chose me fait mal à l’intérieur, / au plus profond de moi.../ Quelque chose qui me fera mal pour toujours./ Un long exil/ qui m’a laissée blessée, mutilée des miens,/ au milieu du monde ». C'est ainsi qu’Ana Arias Iglesias (Ana del Valle) exprime la douleur de l'exil. En exil, 56 femmes ont entretenu une correspondance inédite jusqu'à présent avec José Barreiro (1908-1975), en tant que secrétaire de la Commission socialiste asturienne (CSA) qui réunissait des Asturiennes et des Asturiens des deux côtés de l'Atlantique. Les 1153 lettres parlent d'elles, de leurs expériences, de leur lutte pour la survie, sans oublier que leur horizon était la solidarité et la République, dans laquelle elles avaient acquis des droits auxquels elles n’entendaient pas renoncer.
« Ma mère a 72 ans ce mois-ci et, à cause des conséquences du camp de concentration elle souffre beaucoup de rhumatismes, elle a une hernie et ne peut pas travailler depuis deux ans. Mes camarades ici, connaissent notre situation et nous aident. » C'est ainsi que Paquita Artime Menéndez de Luanco, couturière de profession, militante des Jeunesses socialistes et de l'Union Générale des Travailleurs, s'exprime en 1947 depuis Carcassonne, dans la lettre présentée ici. Elle, sa mère, ses deux frères et sa sœur vivaient dans la précarité et dépendaient des allocations de la CSA et du travail de Paquita.
Les lettres envoyées à Barreiro parlent de consolation, d'espoir, d'aide matérielle, de soutien affectif et appellent à la solidarité. Pour elles et pour lui, un long exil, apparemment sans fin, qui a miné leur santé et leur moral, a commencé. Toutes ont perdu des membres de leur famille, soit à cause de la séparation, soit à cause de la répression et des prisons. Ce fut un grand bouleversement, un énorme changement dans leur vie. Ils doivent se réinstaller dans leur nouvelle destinée, en France, en Afrique du Nord (Maroc, Algérie) ou au-delà des mers, en Amérique, à la recherche d'un travail, d'un logement, d’une santé et d'amitiés avec lesquelles partager et faire face à l'immense douleur.
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