Insignes Politiques d'une Position Franquiste à Madrid
Repository: Museo Arqueológico Regional de la Comunidad de Madrid, Alcalá de Henares, Spain
Source:
Fond or Collection
Alfredo González-Ruibal, “Spain: Modern Warfare”, Field school of the Institute for Field Research (IFR), Los Angeles, USA, t, 2017
Date Created: 1936 to 1939
Type: Insignia
Extent: 1 item
Geographic Region: Ciudad Universitaria, Madrid, Spain
40.4399, -3.72128
Ces trois insignes apparurent dans les décombres de l’Asile de Sainte Christine, qui se situait au pied de l’Hôpital Clinique de Madrid, jusqu’à ce qu’il soit rasé pendant la Guerre Civile. À partir de novembre 1936 il fut occupé par les troupes rebelles, qui y établirent une base avancée. Un des bâtiments qui composaient le complexe de l’asile, fut l’objet d’excavations archéologiques en 2017 et 2018, et l’on y trouva des refuges contre les bombardements et un tunnel de contre-minage. Adjacent a cet édifice se trouvait le lavoir de l’asile, qui fut également excavé. Là apparurent plusieurs éléments vestimentaires : des boucles, des barrettes, des boutons et deux des insignes. Un troisième apparut dans un drainage à côté du lavoir. Il est possible que les soldats aient utilisé cette structure pour leur toilette. Ils ont pu perdre ces objets à cette occasion.
Les insignes sont intéressants pour ce qu’ils nous racontent de l’idéologie des soldats qui occupèrent la position. Les deux insignes qui apparurent dans le lavoir sont l’emblème de la Phalange espagnole, le joug et les flèches, et une plaque de la même organisation sur laquelle on peut voir le drapeau de la Phalange (noir et rouge), le drapeau de l’Espagne et une légende « Vive l’Espagne ». Le troisième insigne est un svastika. Au contraire de deux premières, il ne s’agit pas d’un emblème officiel, sinon d’un exemple de ce que nous pouvons nommer « un art de tranchée », des productions artisanales réalisées par des soldats sur le front. Dans ce cas l’auteur découpa un morceau de tôle de calamine ou un alliage similaire pour fabriquer la croix gammée.
Les insignes phalangistes s’ajustent bien dans le contexte où ils apparurent. Le secteur de l’Hôpital Clinique, le plus exposé, était normalement occupé par des soldats d’élite (légionnaires et troupesmarocaines), la plupart de ceux-ci très motivés militairement et engagés politiquement. L’Hôpital Clinique, comme l’Alcazar de Tolède, fit partie de l’histoire épique des rebelles, autant pendant la guerre qu’après. Lesvastika est plus étrange dans un contexte de Guerre Civile. Si bien la Phalange admirait l’Allemagne nationaliste, il est sûr que les images de croix gammées ne commencèrent à être communes en Espagne qu’après la guerre et surtout pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, déjà pendant la guerre c’était un symbole familier pour les rebelles, car il représentait l’un des principaux alliés de la cause franquiste, et apparaissait sur les armes, les munitions et les machines allemandes au service de l’armée franquiste. Il n’est pas étrange qu’un soldat phalangiste ait réalisé un svastika artisanal, de la même manière que dans le camp républicain proliférèrent les symboles soviétiques improvisés.