Juifs européens faisant la prière du matin (Sha’harit) à bord du bateau à vapeur portugais São Tomé
Creator: Vedin, Emil (1912-2001)
Source:
Centro Democrático de Memoria Histórica, ES.37274.CDMH//FOTOGRAFÍAS_EMIL_VEDIN,68
Date Created: 1924
Type: Photograph
Extent: 1 item
Cette photographie prise par Emilio Rosenstein Ster montre des Européens juifs fuyant l'Holocauste priant à bord du navire à vapeur portugais São Tomé pendant le voyage de Casablanca à Veracruz en mars-avril 1942.
Né à Luków en 1912, Rosenstein Ster s’est rendu à Paris pour suivre une formation de médecin et s'est également engagé dans la politique de gauche. Au début de la Guerre Civile, il rejoint les Brigades internationales sous le pseudonyme d'Emil Vedin. Il sert dans le bataillon Dabrowski puis dans la division blindée des Brigades internationales. Lorsque le gouvernement de Negrín a renvoyé les BI chez elles, Vedin a terminé ses études de médecine en France et a aidé les enfants réfugiés républicains qui se trouvaient dans les colonies dans ce pays.
Suite à l'occupation allemande de la France, sa sœur et lui décident de fuir le pays et réussissent à embarquer sur le São Tomé. Outre les Juifs, les passagers comprenaient 25 vétérans des Brigades internationales et quelque 80 autres exilés républicains. Le navire transportait également le photographe allemand Walter Reuter. Pendant la Guerre Civile, il avait servi dans l'armée républicaine et en tant que correspondant de guerre. Il a été interné dans un camp de travail en Algérie, jusqu’à ce que sa femme obtienne des visas pour le Mexique. Ils font partie des milliers de personnes qui ont bénéficié des actions de Gilberto Bosques Saldívar, consul général du Mexique à Marseille, dans la France de Vichy.
Emilio Rosenstein Ster s’installera à Mexico et fondera une clinique médicale. Il a également laissé un héritage durable dans son Diccionario de Especialidades Farmacéuticas (Dictionnaire des Spécialités Pharmaceutiques), qui continue d'être publié et est utilisé dans toute l'Amérique latine.
Cette photographie et l'histoire de São Tomé montrent que, dans le creuset de la Seconde Guerre mondiale, le sort des exilés républicains était lié à celui des Européens juifs ainsi qu'à d'autres cibles du fascisme européen.