Pavillon espagnol, Exposition Internationale de Paris 1937
Creator: Lacasa, Luis (1899-1966)
Contributor: Sert, Josep Lluís (1901-1983)
Source:
Centro Documental de la Memoria Histórica, PS-FOTOGRAFÍAS,42,8
Date Created: 1937-12-07
Extent: 1 item
48.85889, 2.32004
L'Exposition internationale des arts et techniques appliqués à la vie moderne a ouvert ses portes à Paris le 25 mai 1937 et s'est achevée le 25 novembre. Au cours de ces six mois, 31 040 955 personnes ont visité les 105 hectares de terrain pour voir, entre autres, les pavillons des quarante-cinq participants internationaux.
Selon le programme officiel, l'exposition devait être « un lieu de rencontre pour l'harmonie et la paix », mais le contexte de 1937 était loin d’être harmonieux et pacifique. La guerre civile en Espagne fait rage depuis plus de dix mois, et le régime nazi de plus en plus agressif, fait monter la tension en Europe.
L'exposition de Paris est devenue une scène majeure sur laquelle se joue la politique internationale. Les énormes pavillons de l'Allemagne nazie et de l'Union soviétique se font face de l'autre côté du quai de Tokyo. Le gouvernement de Largo Caballero (qui a été remplacé quelques jours avant l'ouverture de l'exposition) a également vu l'exposition sous cet angle et s'est assuré que son pavillon, que l'on voit ici, diffuse son message au vaste public international.
Ce bâtiment moderniste est le fruit d’une collaboration entre Luis Lacasa et Josep Lluís Sert (comme la plupart des pavillons, il n'a été inauguré qu'après le début de l'exposition). Aujourd’hui, on se souvient qu’il s’agit du lieu où le Guernica de Pablo Picasso a été montré pour la première fois au monde, mais ce n’était qu’une pièce d’une imposante collection d’œuvres d’artistes célèbres et moins connus, rassemblées par Luis Araquistáin, ambassadeur en France, et par l’écrivain Max Aub. Le réalisateur Luis Buñuel est chargé de sélectionner les films projetés dans le pavillon.
Les visiteurs ont été confrontés à l'art avant même d'entrer dans le bâtiment. La sculpture haute de douze mètres d’Alberto Sánchez, Le peuple espagnol a une route qui mène à une étoile, se tenait dans le patio précédant l’entrée principale, et la façade était couverte de photos murales de Josep Renau. (Ses oeuvres, dont une juxtaposant une femme rurale vêtue d’une robe de mariée traditionnelle et une milicienne, étaient également exposées dans l’ensemble du bâtiment). La cour du rez-de-chaussée présentait Guernica et la Fontaine de Mercure un mobile d’Alexander Calder. La fresque de Joan Miró, Le Faucheur (un paysan catalan en révolte), était au deuxième étage.
Guernica n'est pas la seule œuvre à illustrer la barbarie franquiste. Santa Cultura, mártir del fascismo, d'Ángela Nebot est une représentation graphique d'une enseignante abattue dans sa salle de classe, et Ejecuciones en la plaza de toros de Badajoz de Martí Bas montre la répression brutale qui a suivi la prise de contrôle de cette ville par les rebelles en août 1936.
Federico García Lorca, assassiné par les rebelles au début de la guerre, était très présent dans le pavillon. Outre le tableau de Fernando Briones Alegoría del fusilamiento de Federico García Lorca, des récitals de sa poésie et une exposition de ses livres ont été organisés.
Le bâtiment a été démoli une fois l'exposition terminée. En 1992, la ville de Barcelone a commandé la construction d’une reproduction qui abrite aujourd’hui les archives et la bibliothèque de l’université de Barcelone consacrées à la Seconde République, à la Guerre Civile, à l’exil, au régime franquiste et à la transition vers la démocratie.