Rapport sur l'assassinat de 8 Colombiens en Espagne
Creator: Melguizo, Gabriel
Source:
Archivo General de la Nación, Serie Ministerio de Relaciones Exteriores, Sección Diplomática y Consular, Transferencia 8, Caja 283, Carpeta 25
Date Created: 1936-09-27
Extent: 1 item
40.4167, -3.70358
L’incident diplomatique le plus grave qui a menacé les relations entre les gouvernements colombien et espagnol a été l’assassinat de neuf citoyens colombiens par des milices populaires dans les zones contrôlées par les Républicains. Fin juillet, un novice colombien de l'ordre religieux des Clarétains, Aníbal Jesús Gómez, voyageait avec treize collègues espagnols de Ciudad Real à Madrid. Lorsque leur train s’est arrêté à la première gare du trajet, des milices locales criant « mort à tous les moines » ont fait sortir de force le groupe du wagon et les ont emmenés pour qu’ils soient fusillés. Moins de deux semaines plus tard, sept moines des Frères Hospitaliers de Saint Jean de Dieu et leur escorte se rendaient de Madrid à Barcelone pour y être rapatriés. À leur arrivée dans la ville catalane, la milice locale s’est emparée des huit Colombiens et les a emmenés dans une prison de fortune. Le lendemain matin, ils ont été exécutés au motif que leurs documents d'identité colombiens étaient faux et leurs corps ont été déposés à la morgue de l'Hospital Clínico de Barcelone.
Les nouvelles de ces événements sont parvenues en Colombie en août et septembre 1936, suscitant l'indignation dans les cercles politiques et populaires. Les membres de l'opposition et du grand public demandent au gouvernement libéral d'Alfonso López Pumarejo de rompre les relations avec l'Espagne républicaine. Les conservateurs ont analysé l'incident dans le contexte du soutien du Congrès au gouvernement espagnol, affirmant que ce dernier l’avait remercié en assassinant ses citoyens. De nombreux groupes et individus en Colombie - y compris des membres de la colonie espagnole - ont écrit au gouvernement pour exprimer leur protestation. Une lettre suggérait même que le Ministère des relations étrangères prenne en otage tous les Espagnols arrivant en Colombie en guise de représailles pour les récents événements.
López n'a pas rompu les relations diplomatiques, mais a envoyé une protestation au ministère d'État espagnol pour réclamer une enquête sur les crimes. Il a également réclamé une indemnité pour les meurtres et, après des négociations continues, le Gouvernement espagnol a versé 250 000 pesos colombiens (environ 3 000 000 dollars américains aujourd'hui) aux familles des victimes en février 1938. La Colombie a été la seule nation à recevoir une compensation pour la perte de ses citoyens (et non de ses fonctionnaires) pendant la Guerre Civile espagnole, même si des cas similaires se sont produits avec d'autres ressortissants étrangers.
CE