Décret de la Généralité: Collectivisations et contrôle ouvrier
Repository: Cartels, Biblioteca de Catalunya
Creator: Conselleria d'Economia, Generalitat de Catalunya
Contributor: Josep Tarradellas
Contributor: Joan Porqueras Fàbregas
Source:
Source:
Cartels, Biblioteca de Catalunya, Memoria Digital de Catalunya
Date Created: 1936-10
Type: Posters
Extent: 1 item
41.38289, 2.17743
À la mi-septembre 1936, après les premières semaines de guerre et de révolution dans l'arrière-garde catalane, la nécessité d'un changement de gestion politique s'imposa de toute urgence. La situation créée depuis le soulèvement militaro-fasciste d'un «double pouvoir» sur le territoire (Comité central des milices antifascistes, avec des compétences très étendues en matière de défense, d'ordre public, d'approvisionnement, d'armement, de contrôle du territoire, etc.), et une Généralité de Catalogne avec un gouvernement presque inopérant et l'activité parlementaire suspendue, mais qui agissait en contrepouvoir du CCMA (par exemple, en facilitant la sortie du territoire de personnes de droite et des religieux qui étaient en danger), a atteint un point de rupture certain.
Dans cette impasse, les négociations entre les partis politiques (MRC, PSUC, POUM, etc.) et les forces syndicales (UGT, CNT-FAI, majoritairement), aboutissent à la formation d'un gouvernement catalan d'unité antifasciste, dirigé par le chef de l'Esquerra Republicana (ERC), Josep Tarradellas i Joan. Le «premier gouvernement Tarradellas» (28.9.1936-17.12.1936) était constitué d'une coalition de forces représentatives de l'antifascisme du moment : MRC, PSUC (communistes orthodoxes), POUM (ligne trotskiste), CNT (anarcho-syndicalistes), UGT (lié au PSUC), UR (Union de Rabassaires, syndicat agraire) et ACR (catalanistes républicains modérés), avec un programme relativement clair : institutionnaliser les acquis de la révolution (dans des aspects aussi divers que la disparition du culte religieux, réorganisation de l'administration de la justice, etc.), contrôle de la situation de l'ordre public à l'arrière-garde (en mettant fin aux épisodes d'exécutions extrajudiciaires, en mettant en place les tribunaux populaires, etc.) et organisation de la vie civile à l'arrière-garde face à un conflit armé qui n'allait pas être bref, à savoir assurer l'approvisionnement et les conditions de vie de la population civile, la préserver d'éventuels bombardements, etc.
Parmi l’ensemble de l’activité gouvernementale, on a relevé les «décrets de S’Agaró» (appelés ainsi parce que la commission qui les a rédigés s’est réunie à l’hôtel La Gavina de cette localité), un ensemble de dispositions de caractère économique, avec lesquelles la Généralité a cherché à adapter les structures économiques, entrepreneuriales et de travail du pays à la nouvelle situation révolutionnaire. Il s'agissait de mettre en place les mécanismes de collectivisation et d'organisation des entreprises et commerces, par le biais de comités de direction des travailleurs et des ouvriers (parfois avec la collaboration de techniciens et de cadres des entreprises collectivisées), dans un projet d'économie socialisée, pratiquement inédit.
L'importance des décrets est déterminée non pas tant par leurs résultats pratiques (rares) que par leur signification politique et économique. Sa rédaction et sa mise en œuvre mettaient en évidence une situation inédite : le régime de semi-indépendance (ou confédéral) auquel était parvenue la Généralité après la crise provoquée par le soulèvement. Avec l'État quasiment absent du territoire catalan depuis juillet 1936, la Généralité assume la responsabilité de gouverner et de gérer avec ses propres compétences et avec celles (économie, défense, éducation, etc.) que l'État avait cessé d'exercer en Catalogne. Parmi ces nouvelles compétences, reflétées dans les décrets, il y avait celle d'intervenir dans la structure économique publique ou l'organisation d'industries de guerre, qui devaient approvisionner les colonnes de miliciens volontaires (et les unités militaires que pourrait organiser la Généralité) qui allaient combattre l'armée rebelle. Cette situation particulière, aux conséquences politiques et sociales importantes, s'est maintenue jusqu'en mai 1937, lorsque les affrontements entre forces politiques et syndicales antagonistes y ont mis fin.
FVV-A