Le Crayon du Charpentier de Manuel Rivas
Repository: Alison Menezes Personal Collection, Warwick, England
Contributor: Rivas, Manuel, 1949- Alfaguara
Date Created: 1998
Type: Pencils
Extent: 1 item
Ce crayon, estampé avec le nom du roman de 1998 Le crayon du charpentier de Manuel Rivas, fut offert gratuitement avec chaque copie du livre, et représente la culture matérielle de la mémoire du XXIème siècle en Espagne.
Ce bref travail explore les actions héroïques de son protagoniste, le docteur Daniel Da Barca, et le thème du traumatisme de l’agresseur àtravers la figure du soldat franquiste Herbal. L’action se passe en Galice, une zone qui n’eut pas de grands combats pendant la Guerre Civile en tombant très tôt dans les mains rebelles, mais qui n’échappa pas à la violence de la répression franquiste. De récentes investigations qui incluent la base de données Nomes e Voces créée par des chercheurs de l’Université de Saint-Jacques-de-Compostelle, ont cherché à révéler les dimensions inconnues de la résistance républicaine en Galice, ainsique sa tradition libérale et son sentiment nationaliste. La Galice a été doublement affectée par les allers-retours de la mémoire pendant la dictature et la transition vers la démocratie : non seulement il y eut un blocage de la mémoire de la guerre jusqu’à la fin du millénaire, mais de plus l’absence de batailles significatives dans cette région a entravé davantage que dans d’autres lieux, la transmission de la mémoire du conflit. Les romans de Manuel Rivas sur la période, en incluant Le crayon du charpentier (première publication 1998) et Les livres brûlent mal (2006) constituent une revendication de cette histoire oubliée.
Le crayon du charpentier est un symbole de mémoire qui offre une connexion tangible avec l’histoire. Il revendique les histoires perdues de beaucoup de victimes anonymes, silencieuses et héroïques, de la répression franquiste. Dans le roman, le crayon agit comme une connexion métaphorique entre les vies et les expériences des différents caractères qui le possèdent, le Peintre inclus, qui dessine les visages de ses compagnons prisonniers comme s’ils étaient des saints dans la façade du Portique de la Gloire de la cathédrale de Saint-Jacques. A la fin le crayon tombe dans les mains de Herbal, le soldat brutalisé par son père durant une enfance terrible. Créant un pont en apparence impassible, le crayon amène à questionner des catégorisations faciles entre victimes et bourreaux, qui amène Herbal à reconsidérer sa vie et amener à la lumière l’héroïsme de ceux qu’il avait l’ordre d’arrêter et en dernière instance tuer pendant la guerre.
Comme objet matériel, le crayon évoque également la récupération d’objets pendant les exhumations des fosses communes en Espagne des dernières décades. Pendant que ces exhumations sont postérieures au roman de Rivas, son travail signale l’importance de préserver des traces matérielles du passé comme moyen de se connecter physiquement avec les histoires perdues.