Fenêtre commémorative de la Guerre Civile d’Espagne, Hôtel de ville de Belfast
Creator: Alpha Stained Glass, Belfast
Creator: Belfast City Council
Date Created: 2015-11-24
Type: Stained Glass Window
Extent: 1 item
54.59644, -5.92951
Ce vitrail, dévoilé à l'Hôtel de ville de Belfast en 2015, illustre l'évolution du rôle de Belfast dans la Guerre Civile espagnole. Il fait référence aux couleurs du drapeau républicain espagnol, à l’étoile à trois branches de la Brigade internationale, Dolores Ibárruri (La Pasionaria), et à son célèbre slogan ¡No Pasarán ! Les lieux de combat où les volontaires de la Brigade internationale sont également mis en évidence dans sa conception.
En réponse à une proposition du Comité international de commémoration de la brigade basé à Belfast, la municipalité de Belfast a commandé le mémorial «pour refléter la contribution des citoyens de Belfast à la lutte contre le fascisme dans la Guerre Civile espagnole». En plus de rendre hommage aux quarante-huit volontaires de la XVe Brigade internationale basés à Belfast (dont douze ont été tués), le mémorial commémore la campagne d'aide espagnole de Belfast.
La Guerre Civile espagnole a exacerbé les tensions communautaires au sein d’une société nord-irlandaise divisée. Comme ce fut également le cas au sud de la frontière, la plupart des catholiques soutinrent Franco. Beaucoup au sein de la communauté unioniste (pro-britannique) protestante majoritaire d'Irlande du Nord détestaient Franco (identifié au catholicisme et à l'autoritarisme) et le Front populaire (associé au républicanisme et au communisme).
Les efforts de soutien à la République espagnole ont été menés par une minorité radicale de communistes, de républicains de gauche, de syndicalistes et du Parti travailliste d'Irlande du Nord. Environ soixante-dix-huit hommes originaires d’Irlande du Nord ont combattu dans les brigades internationales, tandis que deux autres ont servi dans une unité d’ambulance. Une vingtaine de personnes sont mortes en Espagne.
Le conflit a divisé les organisations ouvrières et républicaines en Irlande du Nord. De nombreux travailleurs catholiques se sont opposés aux efforts de leurs syndicats (basés en Grande-Bretagne) pour soutenir la République espagnole. En 1938, Harry Midgley, un politicien protestant du Parti travailliste nord-irlandais, perd son siège au parlement local lorsque les électeurs catholiques retirent leur soutien en raison de son opposition à Franco. Les volontaires de l'IRA ont combattu des deux côtés, la plupart soutenant la République espagnole.
Le mémorial est l'un des au moins quarante-cinq en Irlande (dont une vingtaine en Irlande du Nord) à rendre hommage aux volontaires de la Brigade internationale. Le soutien de tous les partis à l'initiative du Conseil municipal de Belfast révèle comment la mémoire sociale de la guerre, qui a aggravé les tensions sectaires à l'époque, a évolué dans l'Irlande du Nord post-conflit. Dans une ville qui reste divisée selon des lignes sectaires, la présence de mémoriaux anti-fascistes aux volontaires de la Brigade Internationale dans le quartier loyaliste de Shankill et républicain de Falls est présentée comme «un moment brillant d'unité pour sa population ouvrière».
Certaines des organisations syndicales qui s'activent aujourd'hui à commémorer les Brigades internationales ont dénoncé leurs organisateurs communistes comme étant leurs «ennemis les plus acharnés» à l'époque. Bien que l'IRA ait interdit à ses membres de combattre en Espagne, les républicains revendiquent également l'héritage de la Brigade internationale (mais pas celui de leurs membres qui ont combattu pour Franco). Deux membres de l’IRA morts en Espagne, le protestant Bill Tumilson et le catholique Jim Straney, sont inscrits sur la liste d’un monument érigé dans le quartier Short Strand de Belfast, en mémoire des dix-neuf volontaires locaux de l’IRA tués au cours des campagnes républicaines du XXe siècle.
La réhabilitation des Brigades internationales par la commémoration politique reflète comment une guerre qui a été largement perçue en Irlande comme une lutte entre le catholicisme et le communisme, est maintenant mémorisée comme une lutte anti-fasciste pour la défense de la démocratie. Ironiquement, l’incapacité de la gauche irlandaise radicale à survivre au cours d’une décennie profondément réactionnaire, a été largement occultée par le souvenir de sa participation au plus grand revers rencontré par la gauche internationale dans les années 1930.
FM