Pilar Careaga Basabe
Repository: Bilboko Udal Artxiboa - Archivo Municipal de Bilbao: Ayuntamiento de Bilbao
Creator: Elorza Arrieta, German
Date Created: 1969
Type: Photograph
Extent: 1 item
43.263, -2.935
Pilar Careaga est l'une des personnes qui représente parfaitement le modèle de la nouvelle municipalité franquiste, soumise à l'autorité du Gouvernement. Le maire était nommé par le Gouvernement, sans participation des citoyens, ni même des conseillers qui composaient la corporation.
Pilar Careaga est née dans une famille aisée. Son père, diplomate de profession, épousa une riche héritière. Tous deux étaient apparentés à la haute bourgeoisie basque, qui disposait d'importantes participations dans des entreprises de différents secteurs et d'une grande projection politique en Espagne. Pilar Careaga est la première femme ingénieure industrielle en Espagne. À côté de cette formation très inhabituelle pour une femme de l'époque, elle se distingue par sa formation linguistique et sa connaissance du français, de l'anglais et de l'allemand. Dans les années 1930, elle commence son activité politique dans l'extrême droite monarchique, comme militante de Renovación Española, et candidate de ce parti aux élections générales de 1933.
Après le début de la guerre, elle est emprisonnée à Bilbao. En septembre 1936, elle passe dans la zone rebelle lors d’un échange de prisonniers. Elle intégre le Front des hôpitaux de FET des JONS (Phalange Espagnole Traditionaliste et des Juntes de l’Offensive Nationale Syndicaliste) et a participé à l'assistance aux soldats sur le front de Madrid. En 1939, elle reçoit la Croix Rouge du Mérite Militaire «pour son esprit élevé, son enthousiasme et son mépris de tous risques et fatigue démontrés au cours de la campagne, ayant subi le feu du canon et des fusils ennemis», ce qui est inhabituel pour une femme.
Après la fin de la guerre, elle retourne à Bilbao et se consacre à des œuvres caritatives dans différentes entités et, à partir de 1964, dans le cadre des nouvelles institutions franquistes. Mais le point culminant de sa carrière politique fut sans aucun doute sa nomination comme maire de Bilbao en 1969. Fonction qu'elle occupa jusqu'en 1975, avec celle de Procureur des Assemblées. Après sa démission de ses fonctions de maire, elle s'est retirée du service public, mais elle a continué à soutenir les options d'extrême droite. En 1979, ETA a essayé de l’assassiner, mais elle a survécu avec quelques complications de santé.
Pilar Careaga incarnait l'idéal des nouvelles mairies franquistes, soumises au Gouvernement et sans lien avec l'opinion de la population. Elle le disait elle-même en 1975 : « Ma démission est au-dessus de l'opinion du peuple. Je me dois à une supériorité, si elle demande ma fonction, j'accepte avec respect (...). Nous serions bien ennuyés nous les maires, si nous dépendions de ces choses-là. Ce sera différent si jamais la prétention que les maires soient élus par le peuple devient un jour effective ».
D'un autre côté, c'était une femme contradictoire. Avec une idéologie qui réservait aux femmes la famille et le foyer, mais avec une pratique propre qui contredisait cela absolument : ingénieure en 1929, participante à la guerre en première ligne en 1937 et maire en 1970.
MU/UB/MJV