Arc de la Victoire

L’Arc de la Victoire situé dans le district de Moncloa à Madrid fut érigé pour commémorer le triomphe franquiste en la guerre sur la place principale de la bataille de l’emplacement de la Cité Universitaire. L’arc s’inspira de la tradition romaine d’ériger des monuments pour célébrer des conquêtes militaires. C’était une partie d’un projet d’urbanisme qui cherchait à imprimer dans la ville de Madrid la victoire des rebelles. L’arc fut achevé en 1956, c’est-à-dire pour le vingtième anniversaire du coup d’État militaire, bien qu’il ne fut jamais officiellement inauguré. Ses inscriptions en latin célèbrent la victoire franquiste et il est couronné par une statue du char de Minerve.

La Cité Universitaire se situe à son nord-ouest. Sa construction commença au début des années trente. A mi-1936, plusieurs de sesédifices, et spécialement la faculté de médecine, étaient presque achevés. Avec l’arrivée des troupes rebelles aux abords de la ville en novembre 1936, la Cité Universitaire devint la ligne de front de la sanglante bataille pour la capitale. Un mois de lutte aboutit à la destruction de beaucoup de ces nouveaux édifices. La lutte fut spécialement intense autour de la faculté de médecine, qui montre encore les blessures de la bataille.

Vers le sud de l’Arc se trouvait la Prison Modèle, inaugurée à la fin du XIXème siècle. Pendant la Guerre Civile, la prison fut contrôlée par les milices anarcho-syndicalistes de la CNT. En elle furent déjà commis des crimes contre une trentaine de prisonniers en août 1936, beaucoup d’entre eux de très proéminents politiciens et militaires. Peu après, un Comité de Contrôle du Front Populaire pris en charge la prison. Quand les troupes franquistes arrivèrent à ses abords, elle contenait des milliers de prisonniers politiques. Beaucoup étaient des militaires professionnels. L’on craignait que si les rebelles entraient dans la ville, ceux-ci s’uniraient à leurs forces. Pendant les mois de novembre et décembre, entre 2.200 et 2.500 prisonniers, civils et militaires, furent transportés à Paracuellos del Jarama, où ils furent fusillés et enterrés dans des fosses communes. La prison fut démolie après la guerre, et sa place fut édifié le nouveau Ministère de l’Air dans un style qui rappelle le palais de Felipe II d’El Escorial.

Actuellement l’Arc de la Victoire est dans un pauvre état de conservation, couvert de graffitis et son futur se pose dans un débat plus large sur quoi faire avec les inscriptions et les monuments franquistes dans les villes. L’Association pour la Récupération de la Mémoire Historique a suggéré faire de celui-ci un monument à la défense de Madrid. Le romancier Antonio Muñoz Molina a imaginé la construction de la voisine Cité Universitaire au début de la guerre en 1936 dans son roman Dans la grande nuit des temps. Le protagoniste est l’un des architectes qui projetèrent le campus.