Insigne avec l'Emblème de la Catalogne

Pendant la Guerre Civile, des dizaines de milliers d’hommes furent recrutés en Catalogne pour aller combattre sur d’autres fronts. L’on remit à ces recrues un insigne en laiton avec l’écusson de la Catalogne avec les quatre pals en émail grenat et couronné par la légende « CATALUÑA ».

Le Commissaire de la Propagande de la Généralité fut chargé d’émettre et de répartir ces insignes. Dans une note publiée sur le journal La Publicitat le 27 juillet 1937 l’on peut lire, en catalan : 

« Le Commissaire de la Propagande de la Généralité de Catalogne, toujours attentif aux besoins spirituels des combattants catalans, qui sont en train de lutter contre le fascisme, et considérant important que les quatre barres se trouvent là où il y ait des Catalans, fournit cet insigne avec l’écusson de la Catalogne. Les premiers 30.000 insignes ont été déjà remis, à leur demande, à nos compatriotes qui combattent sur le front de Madrid. Combattants catalans : en allant lutter, faites-le au nom de la Catalogne, en allant lutter, faites-le en pensant à la Catalogne… »  

Il existe une autre version de ce badge, dans ce cas avec un écusson de forme ovale et dessous la légende « Per Catalunya » (Pour la Catalogne). Dans les deux cas s’exprime l’esprit nationaliste. À part celles qui allèrent combattre à Madrid, d’autres unités catalanes furent dotées avec ces emblèmes, comme la 138ème Brigade Mixte, créée en mai 1937 et envoyée à Guadalajara, où elle passa la plus grande partie de la guerre. Les badges de la photographie proviennent d’un campement de cette unité établi dans la localité de Canredondo et qui fut opérationnel peu de temps avant l’offensive du Alto Tajuña, qui débuta le 31 mars 1938.

Les insignes dotèrent les combattants catalans d’une identité de groupe sur des fronts éloignés de leurs foyers et contribuèrent à l’idée qu’en réalité ils luttaient pour leur terre. Les milices basques qui combattirent à Madrid utilisèrent des emblèmes similaires avec la ikurriña (le drapeau basque) et le lauburu (le traditionnel svastika basque). Dans le cas des Catalans, d’autres pratiques contribuèrent au renfort identitaire, comme la langue et la musique. À Guadalajara un groupe musical fut actif, dirigé par Joaquim Sons. Il jouait des sardanes, dont Catalans a l’Alcarria quidevint l’hymne de ces soldats. Pendant la campagne de Catalogne et postérieurement, les rebelles lancèrent des tracts sur les tranchées occupées par les combattants catalans pour les démoraliser et les inciter à déserter.