Résistance
Source:
Arquivo Militar da Coruña, Mosquetón Mauser Mod. 1916, Fábrica de Armas de Oviedo, incautado a “Foucellas”, nº inv. MTC/671
Extent: 1 item
43.37097, -8.39594
L'image du mousqueton Mauser du Corognais Benigno Andrade, surnommé « Foucellas », symbolise la résistance active et armée de la population galicienne au coup d'État, à la guerre et à la dictature franquiste. L'arme déjà exposée lors du procès de Benigno en 1952 par les autorités militaires, a été rattachée au Musée historique militaire de La Corogne afin de servir de trophée de guerre. En 2016, les institutions publiques ont réalisé un projet basé sur la patrimonialisation des objets de la guérilla, dans le but de rompre avec le récit hégémonique des vainqueurs du conflit civil à travers une exposition itinérante dans laquelle l'histoire du pays est racontée à travers cent objets, cette arme étant le numéro 79 de l’exposition.
La résistance active et passive lutte contre l'occupation, tant dans la clandestinité qu'avec le soutien et la protection de l'État et/ou des partis politiques. Elle entraîne pour l'adversaire un usure matérielle et morale et trace des liens de solidarité sur le terrain d’action, généralement des zones montagneuses et peu accessibles où elle obtient la complicité de la population, ce qui lui facilite l'accès aux armes, au matériel et à l'argent.
Il est essentiel d'analyser le cas galicien dans le contexte spécifique du territoire espagnol, conditionné par un coup d’État dont l'objectif était d'appliquer la force pour triompher le plus vite possible et qui a fini par être retardé jusqu'en novembre de la même année, pour aboutir à la guerre et à la dictature ultérieure, ainsi que par les caractéristiques distinctives qui sont apparues à l'intérieur des frontières galiciennes à partir de juillet 1936, l'idée de l'existence d'un ou de plusieurs groupes de résistance sur ce territoire étant niée en raison de sa chute précoce aux mains de l'armée rebelle.
L'étude de cette résistance est centrée sur la guérilla, question fondamentale pour comprendre le développement même de la guerre civile et de la dictature qui s’ensuit, et facteur clé pour comprendre les transformations sociales et politiques des zones rurales des années 1940. Les persécutés qui choisissent de se réfugier dans les montagnes, s’organisent progressivement en petits groupes qui s’étoffent au fur et à mesure des désertions. Depuis 1938, nous pouvons constater dans la région de Casaio-Carballeda de Valdeorras, la présence d'implantations stables motivées par leurs convictions, leur attitude étant celle de résistants. Le fait que la plupart d'entre eux soient issus de villages de pêcheurs ou d'agriculteurs permet de comprendre le niveau de rejet du coup d'État qui existait dans de larges secteurs de la société galicienne à l'époque.
La présence de déserteurs, les attaques de casernes et de maisons paroissiales, les insurrections locales et les affrontements avec les autorités sont le reflet d'une société dynamique, habituée à la participation politique qui a émergé et s’est développée avec l'instauration progressive de la démocratie, le rôle des femmes étant d'une importance capitale, matérialisé par la violence exercée à leur encontre par le camp rebelle qui ne leur a pas accordé cette considération. Cette réalité est défigurée par le refus de leur donner le qualificatif de résistantes ou de combattantes, dénigrant leur activité en les traitant de « putes des rouges ». Eliseo Fernández et Dionisio Pereira soulignent le cas de María Teresa Dominguez Prada appelée à tort « Bruja de Espiño » (sorcière de Espiño) qui, en 1937, s’est réfugiée dans les montagnes avec ses trois filles pour faire partie d'un groupe composé d’habitants de Corzos-Xares. Un an plus tard, ces femmes ont été jugées comme de simples « maîtresses » des guérilleros.
AGF