Semelles Fabriquées avec des Pneus Réutilisés
Repository: Museo de León, León (Spain)
Repository: Museo de Guadalajara, Guadalajara, Spain
Source:
Fond or Collection
Alfredo González-Ruibal, “Arqueología del Fascismo: materialidad y memoria”, Proyecto Intramural Especial, CSIC, 2011
Date Created: 1937 to 1938
Type: Footwear
Extent: 1 item
Geographic Region: Castiltejón, Spain; Abánades, Spain
43.03951, -5.31711 , 40.89645, -2.46918
De bonnes chaussures étaient l’un des biens les plus prisés pendant la Guerre Civile, mais il n’était pas fréquent, spécialement dans l’armée républicaine. Ces semelles appartenaient à des espadrilles utilisées respectivement par un soldat loyal à la République qui combattait dans les montagnes limitrophes entre Léon et les Asturies à l’été 1937 et par un soldat rebelle qui combattît dans l’offensive républicaine de Alto Tajuña (Guadalajara) au printemps 1938. Les deux sont fabriquées avecun morceau de pneu, et sur les deux l’on peut identifier le logo de Firestone. L’utilisation de caoutchouc de pneus pour réaliser des chaussures se généralisa avant la guerre dans des zones rurales. C’est un indicateur de l’arrivée de matériaux industriels à la campagne, où la majorité des objets étaient fabriqués dans un contexte domestique ou de la communauté paysanne, ainsi que de l’économie du bien limité qui caractérisa le monde rural espagnol pendant la première moitié du XXème siècle : tout se réutilisait et se réparait indéfiniment. Dans le contexte de paupérisation et d’autarcie de l’après-guerre, les semelles en pneus se firent encore plus populaires.
Dans la Guerre Civile elles apparaissent très fréquemment dans les fosses communes, associées avec les restes de journaliers et de paysans. On les relève aussi sur les fronts. Les espadrilles sont peu appropriées pour faire la guerre où que ce soit. : elles résultent extrêmement incommodes dans les longues marches et ne protègent pas bien le pied. Mais de tous les théâtres de guerre, les environnements montagneux sont les pires pour ce type de chaussure : les semelles de caoutchouc glissent sur les rochers, les pierres se clouent dans les pieds et en hiver le froid provoque des engelures et des congélations sévères. Beaucoup de cas d’amputation et de mort par congélation dans la bataille de Teruel étaient en relation avec l’usage d’espadrilles par les soldats.
La semelle républicaine apparut dans un abri de troupe de première ligne à Castiltejon (Puebla de Lillo, Leon), une position républicaine qui défendait un col de montagne stratégique qui donnait accès aux Asturies, le dernier bastion loyal dans le nord. À Castiltejon, tout transmet une impression de pénurie : les rares biens, le matériel réutilisé, l’armement obsolète. Cette pénurie était plus grande dans le nord, si tant est que cela soit possible, du fait de son isolement du reste du territoire républicain. Cependant, même dans la mieux équipée armée franquiste, les espadrilles étaient encore communes en pleine guerre, comme le démontre la semelle de Guadalajara. Le soldat qui la portait était une recrue presque adolescente qui tomba près du village de Abanades dans les premiers jours de l’offensive républicaine d’avril 1938.