Manifeste de Heinrich Mann

Comme dans de nombreux autres pays, la République espagnole a également bénéficié d‘une énorme solidarité de la part des intellectuels allemands, c'est-à-dire des artistes, des écrivains et des journalistes, dont beaucoup étaient déjà en exil depuis l'arrivée au pouvoir d‘Hitler en 1933. 

 Dans ce cas cependant, la solidarité pouvait prendre des formes très diverses, allant de la lutte dans les rangs des Brigades internationales à l'activité d'observateur et de correspondant de guerre, en passant par l'engagement journalistique depuis l‘étranger. L’écrivain Heinrich Mann en est un exemple :  depuis son exil en France en 1933 il a lutté contre le régime nazi par le biais d‘articles et des pamphlets. Lorsque, peu après le début de la guerre civile, les signes d’une intervention militaire allemande se sont multipliés, Mann a rédigé un appel public aux « volontaires », qui commençait ainsi : « Soldats allemands ! Un scélérat vous envoie en Espagne ! » (voir image). 

Les intellectuels ont également manifesté leur solidarité avec la République en organisant et en participant au deuxième Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, qui s'est tenu à Valence, Madrid et Barcelone en 1937 avant de s'achever à Paris. Aux côtés des délégations espagnole, française et soviétique, la délégation allemande est l'une des plus importantes. Elle comptait douze participants, parmi lesquels figuraient des personnalités telles que Heinrich Mann, Bertolt Brecht et Anna Seghers, ainsi que Ludwig Renn et Hans Kahle, qui se battaient en même temps comme brigadistes et évoquaient la nécessité de la lutte armée directement depuis les tranchées. Leurs interventions, et bien d'autres, ont davantage porté sur les grands thèmes du moment que sur des questions esthétiques et littéraires, ce qui a valu au congrès sa réputation non injustifiée d'évènement de propagande politique. 

SB