Offensives de Ségovie et Huesca

La République pouvait à peine secourir directement ses forces sur le front nord. Quand Mola lança son offensive sur la Biscaye le 31 mars 1937, le gouvernement de Francisco Largo Caballero pouvait seulement espérer que ses forces isolées dans cette zone résistent suffisamment pour qu’elles permettent à l’Armée Populaire de lancer des offensives dans d’autres lieux qui modifient le panorama stratégique de la guerre. Le front nord résista presque sept mois de plus, mais les opérations tant souhaitées qui auraient pu changer son destin échouèrent. Deux des plus importantes furent les offensives de Ségovie et de Huesca de mai-juin 1937.

L’offensive de Ségovie avait pour objectif de rompre les lignes franquistes au nord de Madrid, qui se maintenaient statiques depuis l’été 1936. L’attaque républicaine commença le 30 mai et dura jusqu’au 4 juin. Elle avait pour axe la prise de la Granja de San Ildefonso, d’où l’on espérait avancer jusqu’à Ségovie et ouvrir une grande brèche qui aurait menacé Valladolid. L’attaque manqua de facteur surprise, les unités furent peu coordonnées, et l’aviation eut un rôle mineur, en partie parce qu’à ce moment-là elle était en train de perdre définitivement sa supériorité dans les airs. En revanche les troupes franquistes, commandées par le général José Enrique Varela, se défendirent avec ténacité jusqu’à l’arrivée des renforts. 

Ce même modèle, avec même davantage de désorganisation, se produisit lors de l’offensive de Huesca qui eut lieu du 12 au 19 juin. Dans cette zone prédominaient les milices anarchistes et du POUM récemment militarisées. Il y avait beaucoup de méfiance entre les anciens miliciens et leurs nouveaux officiers, souvent communistes, à cause des récents incidents de Barcelone de mai 1937. Malgré une bonne intervention de l’aviation républicaine, la garnison de Huesca, très inférieure aux attaquants, réussit à se défendre de manière très efficace.

Les deux batailles montrèrent que l’Armée Populaire, malgré les efforts du nouveau ministre de la Défense Indelacio Prieto et duPrésident du gouvernement Juan Negrín, était fort éloignée d’être une force efficace dans l’attaque. De plus, les Brigades Internationales, après plus de six mois à servir comme troupes de choc, commençaient à montrer des symptômes de fatigue et d’usure, ce qui réduisait beaucoup leur efficacité. Finalement, devant l’augmentation des envois de matériel à Franco de la part des puissances fascistes, la République était en train de reperdre la suprématie en matériel militaire.     

L’échec des deux offensives renforça le moral franquiste et anéantit le républicain qui vit impuissant comment se perdait le front nord. Bilbao tomba le même jour que cessait l’offensive de Huesca. De plus, grâce à un fait fortuit, Franco renforça son prestige militaire et augmenta son pouvoir politique : la mort lors d’un accident aérien du général Mola,quand celui-ci revenait de visite sur le front de Ségovie le 3 juin 1937. Il restait encore vingt et un mois de guerre, mais la République, après les victoires du Jarama et de Guadalajara, était de nouveau en train de perdre clairement la guerre.