La commémoration des anciens combattants canadiens de la guerre civile espagnole
Repository: Margrethe McKoen
Date Created: 1998-12
Type: Historical Markers
Extent: 1 item
48.42832, -123.36495
Depuis la fin de la guerre civile espagnole, le gouvernement fédéral n’a jamais commandé un monument pour honorer les Canadien.ne.s qui ont combattu en Espagne. Malgré cette décision, des groupes et des individus ont rassemblé des ressources pour ériger des plaques et des monuments en l’honneur des anciens combattants canadiens de la guerre civile espagnole. La décision d’ériger un monument ou de créer une plaque témoigne de la volonté de se souvenir des sacrifices de ceux et celles qui se sont joints à une noble cause, celle de vaincre les forces fascistes en Espagne.
Il existe peu de monuments sur la guerre civile espagnole dans le pays. Les anciens combattants du bataillon Mackenzie-Papineau et leurs partisans en ont souvent été les instigateurs. La première commémoration prend la forme d’une plaque, dévoilée en 1989 et située à l’hôtel de ville de Winnipeg, au Manitoba. La deuxième commémoration publique est une plaque située près de l’édifice de l’Assemblée législative de l’Ontario à Toronto en 1995. Trois ans plus tard, une plaque et une statue sont dévoilées à Victoria, près de l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique. Enfin, une statue en l’honneur du Bataillon Mackenzie-Papineau, située dans la capitale nationale, est dévoilée en 2001.Cet article porte sur la plaque, située à l’intérieur de l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique à Victoria, en raison des vives réactions qu’elle a suscitées en 1998.
Le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique, dirigé par Glen Clark, accepte d’appuyer le projet du B.C. Memorial Committee Veterans and Friends of the Mackenzie-Papineau Battalion visant à honorer la mémoire des Canadien.ne.s qui ont combattu pendant la guerre civile espagnole. Outre un monument, le projet prévoit l’installation d’une plaque dans la rotonde de l’Assemblée législative. Le texte de la plaque se lit comme suit « En mémoire des Britanno-Colombiens qui ont servi dans le bataillon Mackenzie-Papineau des Brigades internationales pendant la guerre civile espagnole, 1936-1939 ». Lors de la cérémonie à laquelle assistent les anciens combattants du bataillon Mackenzie-Papineau en décembre 1998, le premier ministre Clark présente les anciens combattants canadiens comme des « héros d’une guerre oubliée » qui ont tenté de « vaincre le fascisme ». Cette cérémonie suscite de vives réactions, notamment de la part des membres de la Légion royale canadienne, un organisme qui soutient les anciens combattants, de la Colombie-Britannique. Le président de la légion locale rappelle au gouvernement provincial que les Canadien.ne.s, parti.e.s en Espagne, ne méritent pas d’être commémorés puisqu’il était illégal à l’époque de combattre dans des guerres étrangères.
Cet épisode de la commémoration du rôle joué par les Canadien.ne.s pendant la guerre civile espagnole montre à quel point cette question demeure un sujet de discorde au Canada. Les Canadien.ne.s étaient divisé.e.s sur cette question dans les années 1930. Ces tensions et divisions autour d’une plaque commémorative, 60 ans plus tard, démontrent qu’il existe toujours des divisions entre les Canadien.ne.s. Ces divisions se poursuivent au 21 siècle. En mai 2012, deux des plus grands quotidiens du pays publient des articles d’opinion contradictoires sur le bataillon Mackenzie-Papineau. L’un d’eux, publié dans le Toronto Star, affirme que le rôle de ces anciens combattants dans la lutte contre le fascisme devrait être reconnu par le gouvernement canadien. L’autre, publié dans le Toronto Sun, soutient qu’en tant que communistes et aventuriers, ils ne méritent pas une telle reconnaissance. Le silence du gouvernement fédéral se poursuit puisque le Musée canadien de la guerre ne mentionne pas le bataillon Mackenzie-Papineau. Rappeler les événements du passé n’est pas un geste neutre.
MM & MMcK