La ballade du nord
Creator: Zapico, Alonso (1981- )
Source:
Alfonso Zapico
Date Created: 2015, 2023
Extent: 1 item
43.263, -2.935
« La balada del norte » (La ballade du nord) est une série de romans graphiques publiés par Astiberri entre 2015 (date de la première publication) et 2023 (date de la conclusion avec le quatrième et dernier tome). L'histoire n'est pas née avec la vocation d’une saga, mais par pure nécessité narrative je l'ai prolongée sur quatre volumes et près de 1000 pages de bande dessinée.
Elle retrace un événement historique majeur de la première moitié du XXe siècle en Espagne : la Révolution d'octobre 1934 dans les Asturies, un évènement qui couvre à ses débuts l’ensemble du pays, mais qui n’a survécu que pendant une courte et violente période de deux semaines dans les bassins miniers des Asturies et de León.
Il y a quatre personnages principaux, qui apparaissent en figure de proue sur chacune des couvertures des quatre livres : le mineur Apolonio (archétype de l'ouvrier brut mais noble, personnage qui constitue la colonne vertébrale de tout le récit) que l’on voit ici, le marquis de Montecorvo, patron de la Compagnie minière du Nord-Ouest, son fils Tristán Valdivia, aristocrate rebelle aux prétentions de journaliste, et Isolina, fille d'Apolonio, personnage indomptable dont le rôle ira croissant tout au long de l'histoire. Dans cette bande dessinée à la structure d’un roman classique, il y a une histoire d'amour impossible entre Tristán et Isolina, qui est le fil rouge auquel le lecteur s'accrochera en parcourant les quatre livres, et qui lui permettra de voir avec une vision tridimensionnelle tous les aspects de ce qui s'est passé pendant ce que l'on appelle « l'Octobre asturien ».
L'action se déroule dans le village fictif de Montecorvo del Camino, qui est une transcription de nombreux villages miniers des deux bassins miniers asturiens. Dans les panneaux qui montrent Montecorvo, on retrouve des lieux encore visibles aujourd'hui à San Martín del Rey Aurelio, Mieres, Langreo, Laviana... De même, les personnages fictifs croisent les protagonistes historiques de cette période troublée de la Seconde République. Dans les pages défilent Alejandro Lerroux et ses ministres, Largo Caballero, Indalecio Prieto, les leaders révolutionnaires Belarmino Tomás et Ramón González Peña ou des militaires africanistes comme Lisardo Doval ou Franco lui-même, chargé de réprimer les révoltes, présenté ici comme le sauveur temporaire d'une République qu'il allait détruire quelques années plus tard.
Dans ce roman graphique choral (ou plutôt cette tétralogie), j’aborde l'histoire du point de vue des personnages anonymes, qui plutôt que de diriger les événements, sont emportés par eux. La plupart des évènements racontés ici, que ce soit dans les épisodes dessinés ou les anecdotes racontées lors des conversations des personnages, sont authentiques. L’essentiel de la documentation historique provient de la mémoire orale, familiale ou collective, qui subsiste encore dans les bassins miniers des Asturies et qu’il faut arracher, comme le charbon lui-même, de l'implacable emprise de l'oubli.
Il est important de sauvegarder des histoires comme celle de la Révolution de 1934 pour mieux comprendre la Guerre Civile, le franquisme et l'Espagne contemporaine, et même de déchiffrer l'avenir du pays. La valeur ajoutée de « La ballade du nord » est qu'elle est racontée dans le langage de la bande dessinée, ce qui nous permet de rendre accessibles des histoires complexes et nous aide à toucher un public plus large. C'est le support idéal pour des interventions pédagogiques, pour travailler avec des élèves du secondaire et pour toucher les jeunes à travers un mécanisme narratif attrayant dont ils connaissent les codes (beaucoup sont des lecteurs de mangas).
AZ