Jorge García Carrique

Je m'appelle Jorge García Carrique et j’habite à Grenade. J'ai 40 ans et je suis avocat. L'histoire, en particulier l'histoire de l'Espagne et des deux guerres mondiales, est ma passion. J'ai visité de nombreux champs de bataille (Normandie, Vimy, la ligne Mareth en Tunisie, les Plaines d’Abraham, etc.), ainsi que  de nombreux sites historiques en Espagne. C'est ma passion et j'essaie de l'inculquer à mes enfants pour leur apprendre à ne pas commettre les erreurs du passé. 

Je voudrais partager l'histoire de mon grand-oncle, Guillermo Morey Frau, qui a combattu aux côtés des nationalistes pendant la Guerre Civile. Ces lignes servent à raconter l'histoire d'un homme ordinaire, comme tant d'autres qui ont combattu pendant la Guerre Civile espagnole (qui n'était pas la première guerre civile en Espagne). Une guerre au cours de laquelle des frères, des parents et des enfants se sont affrontés sur le champ de bataille pour défendre l’idée qu’ils se faisaient de l'Espagne. 

Guillermo Morey Frau est né à Andratx, un village de Majorque (Espagne). Je ne sais pas grand-chose de ses premières années. Mon père est décédé il y a neuf ans à La Havane, et en cherchant dans de vieilles boîtes, dans la maison de Majorque qui avait appartenu à ma grand-tante et à mon grand-oncle, qui avaient élevé mon père, je suis tombé sur une vieille boîte en fer-blanc rouillée remplie de documents et de photos de la guerre montrant mon grand-oncle. Il s'est engagé dans l'armée espagnole en août 1935. J'ai aussi trouvé son carnet militaire et j'ai découvert qu'il avait servi de 1935 jusqu’à sa démobilisation en juillet 1939. 

Grâce aux photographies et des documents, j'ai découvert qu’il avait combattu dans le nord de l'Espagne. Sur cette photo, on peut voir mon grand-oncle assis à gauche avec deux camarades devant un panneau routier indiquant « Saint-Sébastien ».  Je crois que les photos ont été prises en 1937 pendant les combats violents au Pays basque. Pour ses années de service, il a reçu 4 médailles. Après la guerre, il est retourné à Majorque, a épousé ma grand-tante, à laquelle il était fiancé et a travaillé dans la construction. 

Mon grand-oncle était un homme sévère, et généralement il ne parlait pas beaucoup. J'imagine que la guerre y était pour quelque chose. Je me souviens que lorsque mes parents et moi rendions visite à mes grands-oncles le samedi et le dimanche et que nous nous asseyions dans leur magnifique jardin, je savais par mon père qu’il avait combattu pendant la Guerre Civile et j'avais l'habitude d'interroger mon grand-oncle à ce sujet. Il me répondait qu'il n'avait fait que conduire des  généraux un peu partout. Il n'a jamais rien dit de plus.  

Le 90ème anniversaire du déclenchement de la Guerre Civile est à notre porte et devrait servir à rendre hommage à tous ceux qui ont combattu dans cette guerre, quel que soit leur camp. Il est temps d'arrêter de parler de rouges et de fascistes. Si nous, Espagnols, parvenons à le faire en tant que pays, nous ferons beaucoup de bien à ce merveilleux pays qu'est l'Espagne.