Témoins oculaires des Journées de Mai à Barcelone, 1937
Repository: The Modern Records Centre, University of Warwick, Coventry, England
Creator: MacDonald, Ethel
Date Created: 1937-05-15
Type: Pamphlets
Extent: 1 item
55.86116, -4.25017
Les combats de rue du 3 au 8 mai 1937 à Barcelone, presque une guerre civile dans le camp républicain, au cours de laquelle près d’un millier de personnes ont perdu la vie, ont été déroutants et choquants pour des témoins étrangers. Ils ont marqué un tournant dans la politique du camp républicain et une défaite pour les forces révolutionnaires de Catalogne. Quelques semaines plus tard, le POUM (Parti Ouvrier d'Unification Marxiste) était interdit et ses dirigeants arrêtés. Le récit le plus célèbre d'un observateur étranger est Hommage à la Catalogne de George Orwell, qui a combattu dans la milice du POUM et a vu les Journées de Mai depuis leur perspective. Cependant, il y avait beaucoup d'autres activistes étrangers à Barcelone, y compris deux anarchistes écossaises, Jenny Patrick et Ethel MacDonald, dont les rapports ont été publiés peu après les événements.
Patrick (1884-1971) et MacDonald (1909-1960) étaient membres du Mouvement socialiste uni de Guy Aldred, basé à Glasgow, et à Barcelone elles ont travaillé en étroite collaboration avec la CNT (Confédération Nationale du Travail), le plus grand mouvement de syndicalistes révolutionnaires. Leurs lettres ont été publiées dans le Barcelona Bulletin d’Aldred, et constituent un correctif aux nombreux récits faux et hostiles parus dans la presse britannique.
Les deux femmes étaient conscientes que les tensions politiques s'étaient accrues à Barcelone, mais elles ont quand même été surprises lorsque des unités de police ont saisi le central téléphonique aux mains de la CNT dans l'après-midi du 3 mai. Des éléments de la CNT ont immédiatement réagi en érigeant des barricades. Les deux femmes ont suivi le déroulement des événements depuis le siège de la CNT, s'aventurant parfois à l’extérieur. Conscientes que la presse en Grande-Bretagne accusait les anarchistes, elles tenaient à préciser que la CNT avait toujours cherché le compromis et avait été victime de provocation (elles accusaient de cela les communistes espagnols). À cette époque, la CNT était divisée entre les dirigeants qui voulaient soutenir l'alliance du Front populaire, même en servant au Gouvernement, et les militants qui étaient en faveur de nouvelles actions révolutionnaires. Les deux femmes appartenaient à ce dernier camp : Patrick soutenait que la seule solution au conflit était « l’élimination » du Parti communiste et de la petite bourgeoisie, tandis que MacDonald regrettait l’incapacité de la CNT à saisir l’opportunité de prendre un contrôle politique et social total.
Les femmes ont observé un retour à la « normalité » avant le 8 mai, mais qui était trompeur. La répression contre le POUM commença à la mi-juin, et le chef du parti Andreu Nin fut capturé et assassiné par le NKVD soviétique. MacDonald est restée à Barcelone, cherchant à aider ses camarades emprisonnés (les femmes pouvaient se déplacer beaucoup plus librement sous surveillance policière) avant de rentrer chez elle en novembre.
En plus de marquer une transition politique du côté républicain, les Journées de Mai ont continué à jouer un rôle majeur dans les débats sur la Guerre Civile à gauche. L’expérience d’Orwell l’a dressé contre le communisme (il aurait été d’accord avec Patrick lorsqu’elle affirme que les communistes sont obsédés par le pouvoir et représentent une menace pour les travailleurs en lutte), et a contribué à façonner son « socialisme démocratique » des années 1940.
TB