Le Parti communiste espagnol met en garde contre les faux guérilleros
Creator: Partido Comunista de España
Source:
Archivo Histórico del Partido Comunista
Date Created: 1948
Extent: 1 item
Ce document est une mise en garde du Parti communiste espagnol contre l'existence de fausses unités de guérilla. Dans le cadre de la lutte anti-guérilla, la Garde civile a déployé des “contrapartidas” (contreparties), des unités composées de 6 à 10 gardes qui se déplaçaient déguisés avec les vêtements habituellement portés par les guérilleros. Dans certains cas, les contreparties étaient d'anciens guérilleros qui avaient changé de camp.
La tactique de la contrepartie a été employée pour la première fois pendant la Guerre civile, mais elle n'a pas été utilisée à grande échelle avant les années 1940. Par exemple, en octobre 1938, les guérilleros républicains de la 165e brigade ont signalé que dans les environs de la localité de Valle de la Serena (Badajoz), des gardes civils et des phalangistes s'habillaient en paysans. Dans la province de Huelva, les contreparties ont commencé à être utilisées encore plus tôt, à partir de 1937, avec notamment celle commandée par le capitaine de la Garde civile José Robles Alés. Cet officier a utilisé la stratégie classique du faux drapeau, en ordonnant à des gardes civils déguisés en guérilleros de commettre des actes criminels afin de les attribuer à la résistance républicaine, de manière à discréditer cette dernière aux yeux de la société.
Après son arrivée à la Direction générale de la Garde civile en 1943, Camilo Alonso Vega a encouragé l'utilisation de ces unités en augmentant les salaires perçus par ses membres. Ces émoluments et avantages ont fait que de nombreux gardes civils désireux d’améliorer leur situation économique n’ont pas hésité à rejoindre les contreparties, malgré le fait qu’il s’agissait d’unités qui avaient le plus de chances d'être utilisées pour appliquer la loi sur les fuites et la torture.
Le comportement brutal des contreparties était source de malaise et provoquait des plaintes de la part de leurs camarades. À cet égard, un garde civil à la retraite se souvient de ce qui suit : « Je me souviens qu'une fois, les membres des contreparties, qui n'étaient pas très sains d'esprit, pensaient qu'ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient. Les contreparties étaient composées de volontaires. C'était des gens assez spéciaux. Ils n'avaient pas de cœur. Ils avaient perdu leur âme. Ils ont suivi un chemin différent du nôtre ».
Dans le climat de terreur et de confusion qui régnait dans les campagnes espagnoles de l'après-guerre, les paysans devaient apprendre à distinguer les vrais guérilleros des gardes civils déguisés, et essayer de les identifier par l'odeur qu'ils dégageaient, leur façon de manger ou de s'habiller. Un paysan de Tolède se souvient que la méthode qu’il utilisait pour lever le doute sur la véritable identité des hommes qui se trouvaient devant lui était la suivante : « Ils les nourrissaient, et s’ils avaient trop faim, ils étaient considérés comme des guérilleros ; s’ils mangeaient modérément, c’étaient des gardes civils ».
AFP