Restitution de biens culturels saisis
Creator: Mattoni, Virgilio (1842-1923)
Source:
Museu de Mataró
Extent: 1 item
41.53983, 2.44489
Pendant la Guerre Civile, les biens culturels ont été saisis auprès d’institutions et de particuliers dans les territoires républicains pour les protéger de l’iconoclasme révolutionnaire et des dangers de la guerre. Ce patrimoine a été transféré dans des entrepôts de sauvegarde. Afin de gérer ces dépôts et l'ensemble du patrimoine, dans les campagnes d'occupation du territoire, le premier gouvernement franquiste a créé en avril 1938 le Service de Défense du Patrimoine Artistique National (SDPAN). Ce service militaire pris possession des dépôts républicains et procéda au marquage des pièces qui s'y trouvaient, comme on peut le voir sur l'image ci-jointe, qui montre le dos d'un tableau conservé au musée de Mataró avec l'étiquette « récupéré de l'ennemi ».
À la fin de la guerre, les vainqueurs ont émis un arrêté de restitution des biens artistiques, établissant un protocole détaillé comprenant l’inventaire des biens et leur concentration dans des dépôts régionaux afin de faciliter les réclamations ultérieures de leurs propriétaires légitimes. Les demandeurs devaient fournir des titres de propriété ou des déclarations sous serment avalisées par des personnes considérées comme fiables par le nouveau régime, ce qui a empêché de nombreux propriétaires de réclamer leurs biens par crainte de représailles. D'autres n'ont pas fait de réclamation en raison de la perte des documents attestant leur propriété, de l’ignorance des procédures de réclamation, du déplacement forcé, de l'exil ou de leur décès.
En 1940, le gouvernement a décrété que les biens non réclamés jusqu’àlors devaient être déposés dans plusieurs institutions. Le même sort devait être réservé aux biens patrimoniaux saisis pendant la période d'après-guerre pour des raisons politiques. Entre 1940 et 1947, de nombreuses pièces non réclamées ont été déposées auprès d'institutions publiques et privées, dont l'Église, des musées et des institutions culturelles.
Au fil des ans, la traçabilité de certains biens qui n'avaient pas été restitués par le SDPAN dans les années 1940 a été rétablie et la question des restitutions patrimoniales a été relancée. Ces dernières années, les restitutions ont pris de l'importance en raison de la gravité de certaines affaires liées à la spoliation par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs chercheurs ont souligné les particularités du cas espagnol, les lacunes dans le processus de restitution et l'utilisation propagandiste des expositions de « récupération artistique ». Le Dr Arturo Colorado a dressé une liste des œuvres de cette origine qui sont conservées au musée du Prado, et le ministère espagnol de la Culture a publié en 2024 une liste de biens en attente de restitution. Dans le même ordre d’idées, l'Institut Català de Recerca en Patrimoni Cultural (ICRPC) a réalisé plusieurs études sur la localisation et la propriété de biens de cette origine qui sont conservés dans les musées publics.
Cet effort d'ouverture des musées et la socialisation de la recherche sur l'impact de la Guerre Civile sur leurs collections constituent un pas important vers la récupération de la mémoire démocratique et la restitution du patrimoine.
ECC