La structure du pouvoir local
Creator: Brangulí i Soler, Josep
Source:
ANC1-42-N-373, Arxiu Nacional de Catalunya
Date Created: 1941
Extent: 1 item
La photographie montre Miquel Mateu, premier maire franquiste de Barcelone (1939-1945), contraint de se déplacer en calèche en raison de la pénurie d’essence produite par la politique du gouvernement de Franco.
Les conflits pour le pouvoir local se sont répandus comme une tache d'huile dans l'Espagne d'après-guerre. En règle générale, ils s'expriment surtout dans les luttes entre chefs provinciaux de la FET-JONS “Falange Española Tradicionalista y de las Juntas de Ofensiva Nacional Sindicalista”, et les gouverneurs civils pour la nomination du personnel des mairies. Il s'agissait d'une lutte inégale, puisque les gouverneurs civils détenaient tout le pouvoir dans ces nominations, ne laissant uniquement à la FET-JONS qu’un rôle de conseiller.
Ce conflit a été expliqué à l’époque, et l’est encore aujourd'hui, comme une lutte de la FET-JONS contre la droite traditionnelle pour le pouvoir. La stratégie suivie par le parti consistait à dénoncer les maires comme de vieux politiciens et leur gestion comme inefficace et corrompue. Les dénonciations ne visaient pas tant à mettre fin aux irrégularités qu'à discréditer et à neutraliser l'adversaire politique. C'est pourquoi, lorsque la solution retenue a été de remplacer les gestionnaires, mais que les nouveaux ne correspondaient pas au souhait de la Phalange, celle-ci a redoublé l'intensité de sa campagne.
Bien qu'il y ait eu des franquistes engagés dans la fascisation, l'implantation hétérogène et faible du parti, la faiblesse et la nature conflictuelle de la direction au sein de la FET-JONS déjà restructurée par la dictature et la persistance d'une culture politique clientéliste sur l'ensemble du territoire ont fait de ce conflit plus qu'un simple assaut fasciste sur le pouvoir.
La solution à ce problème a été l'unification des partis locaux et provinciaux et de la direction de l'État en une seule personne. Cette politique a entraîné un certain renouvellement du personnel politique dans les municipalités, mais celui-ci a été mené et contrôlé par les élites traditionnelles. Les chefs provinciaux qui avaient dénoncé les irrégularités et la corruption n'ont pas été convertis en gouverneurs civils, mais de nouveaux gouverneurs civils ont été élus, généralement des militaires ou des juristes de carrière, qui, fascistes ou non, ont fini par contrôler le parti au niveau provincial. Au lieu que le parti unique prenne le contrôle de l'Etat, c'est l'Etat qui a pris le contrôle du parti.
L'unification des postes a entraîné la construction d'un modèle d'articulation politique clientéliste. Avec la concentration des pouvoirs locaux en une seule personne, la dictature a façonné un modèle de clientélisme d'État et de parti unique qui a dissimulé les luttes au sein du parti unique et de l'État. Elle a également réussi à soumettre la Phalange. La fonction des gouverneurs civils et des maires a été d'insérer les réseaux clientélistes dans le nouveau cadre de relations, permettant la coexistance, ou conflit caché, avec d'autres réseaux et avec les nouveaux venus : les phalangistes.
Ce modèle sera consolidé par la mise en œuvre, en 1947, de la “Ley de Bases de Régimen Local ” loi de 1945, mais institutionnalisé également l'intégration du clientélisme par le biais de la bureaucratie syndicale et des associations professionnelles.
ORB