Épitaphe pour un journalier espagnol
Creator: Attila, József
Date Created: 1936
Type: Poetry
Extent: 1 item
Geographic Region: Budapest, Hungary
47.48139, 19.14609
L’image est extraite de L’œuvre Complète de Attila József qui contient le poème Épitaphe pour un journalier espagnol écrit en 1936.
Les intellectuels hongrois furent très sensibles à la Guerre Civile espagnole et quelques-uns de leurs plus célèbres poètes de l’époque, dédièrent des poèmes aux évènements qui se déroulèrent durant ces années de guerre. Si certains étaient des gens déclarés à gauche, d’autres n’étaient pas influencés par des idéologies ou des sympathies politiques. Il leur sembla inacceptable que les forces de droite fassent tomber un gouvernement démocratiquement élu.
Attila József, peut-être le poète hongrois le plus célèbre du XXe siècle, tenta d’être volontaire des Brigades internationales, mais les autorités l’empêchèrent de quitter le pays. Épitaphe pour un journalier espagnol décrit la mort d’un soldat contraint de combattre dans l’armée de Franco, qui n’a pas osé déserter par peur d’être fusillé et qui a su jusqu’au moment de sa mort qu’il luttait contre la justice et la liberté.
Franco, le général, m’enrôla, soldat féroce, dans ses rangs.
Je craignais d’être fusillé. Impossible de fuir.
Je craignais : j’ai lutté avec lui, contre la liberté, contre le droit
derrière les murs d’Irun. Et c’est ainsi que j’ai trouvé la mort.
Miklós Radnóti est l’autre plus grand poète hongrois de la première moitié du XXe siècle. Sa poésie traitait de l’injustice sociale, mais le destin lui réserva précisément une fin tragique : il fut assassiné pendant l’Holocauste, dans un bataillon de travailleurs juifs et enterré dans une fosse commune. Son poème Hispania, Hispania, (1937) décrit la souffrance insensée des espagnols pendant que les eaux des fleuves prennent la couleur rouge du sang des jeunes soldats innocents. Dans le texte, Radnóti suggère que nous ne devons pas abandonner puisque « de nouvelles armées viendront, si nécessaire, inattendues » et « les gens crieront ton destin, Liberté ! »
D’autres poètes hongrois ont également exprimé leur désespoir et leur colère devant les évènements de la Guerre Civile. Le poète et activiste communiste Aladár Komját a écrit La Marche de la Brigade internationale (1936) qui saisit l’émotion et la détermination des volontaires hongrois. Les paroles de ce poème furent reprises dans un hymne populaire révolutionnaire de gauche, Défenseurs de Madrid, cette même année-là. Le poète et journaliste Emil Madarász’s a écrit Trente jeunes enfants de Madrid, 1937, qui commémore les enfants assassinés par les avions allemands, tandis que le théoricien d’avant-garde et poète Lajos Kassák dans son poème Bilbao-Southampton (1939) commémore les 400 enfants basques envoyés en Angleterre.
Outre les intellectuels qui vivaient en Hongrie, les volontaires hongrois qui luttaient en Espagne, exprimèrent également les raisons de leur participation à la guerre dans ce qui était appelé les « chansons des combattants pour la liberté ». La plus fameuse d’entre elles est la suivante :
Mère, mère, prends mes vêtements,
Je vais dans un pays lointain, ne sois pas triste.
Loin, dans la terre d’Espagne, les travailleurs sont engagés dans une lutte sanglante.
Je vais rejoindre l’armée, ils ont besoin de mon aide.
Certains y ont même participé personnellement. L'écrivain et journaliste Arthur Koestler (né Artúr Kösztler) a été envoyé en Espagne comme correspondant de guerre, et a recueilli des preuves de l'implication des fascistes et des nazis dans la guerre du côté franquiste. Arrêté à plusieurs reprises par les forces franquistes et même condamné à mort, il a été libéré après des négociations compliquées menées par les républicains et les Britanniques. Son livre Un Testament Espagnol (1937) est une source importante dans les mémoires de la guerre civile.