La plainte argentine
Repository: Archivo particular Gabriela Cladera, Rosario, Argentina
Date Created: 2010
Type: Fotografias
Extent: 1 item
Geographic Region: Buenos Aires, U.S.
-37.14984, -60.13195
Après la tentative avortée de Baltazar Garzón, magistrat de l’Audience Nationale d’Espagne, d’enquêter sur les « supposés délits permanents de détention illégale dans le cadre des Crimes contre l’Humanité du franquisme », exécutés entre le 17 juillet 1936 et décembre 1951 ; c’est en Argentine, où des proches de personnes assassinées et disparues, appuyés par différentes associations de droits humains, présentèrent le 14 abril 2010 une plainte pour « génocide et/ou crimes contre l’humanité commis en Espagne par la dictature franquiste » entre le 17 juillet 1936 et le 15 juin 1977, date des premières élections démocratiques. Invoquant le principe de Juridiction Universelle qui autorise les tribunaux de justice à enquêter sur la violation des droits humains et la nature du crime, quel que soit le lieu du délit ou la nationalité de la victime, la plainte 4591/2010 fut déposée à Buenos Aires au Tribunal National Fédéral pour les affaires criminelles et correctionnelles N°1, auprès de la juge María Romilda Servini de Cubría. La plainte fut présentée par Darío Rivas, fils du maire républicain de Castro de Rei (province de Lugo), fusillé en octobre 1936, et par Inés García Holgado, pour l’exécution de deux grands-parents et la disparition d’un grand-oncle.
Les deux plaignants apparaissent sur la photographie, accompagnés entre autres par Nora Cortiñas, co-fondatrice des Mères de la Plaza de Mayo, et par Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la Paix 1980.
Les descendants des victimes résidant en Argentine recherchaient l’inculpation de hauts fonctionnaires de Franco encore vivants. À ce moment-là il y avait seulement 13 ex-ministres, civils et âgés, acteurs importants de la Transition espagnole. En 2011, Rivas âgé de 92 ans, qui enfant avait été envoyé à Buenos Aires auprès de membres de sa famille pour recevoir l’éducation publique et le travail qui manquaient en Espagne, déclarait en page 12 : « Il y a 113 mille corps disparus, 30 mille enfants séquestrés, 2.500 fosses non découvertes dans lesquelles s’entassent des multitudes de corps ».
Après que l’ordonnance du 27 février 2012 de la Cour Suprême ait bloqué la possibilité de juger les crimes du franquisme en Espagne, en considérant que les délits étaient prescrits avec la Loi d’Amnistie de 1977, la plainte argentine a constitué une réponse pour poursuivre la revendication de justice, produire un éclairage international et dénoncer la situation « d’oubli » des victimes du franquisme, même si la réponse des institutions espagnoles ait plutôt été d’entraver l’enquête. La juge est parvenue à imputer plusieurs personnes dénoncées et a demandé des extraditions, et elle a également poussé à faire des exhumations. La première d’entre elles en février 2016, au cimetière de Guadalajara, résultat de la déclaration de Ascensión Mendieta, fille d’une victime de représailles en 1939, qui à 88 ans a voyagé jusqu’à Buenos Aires en 2013 pour déclarer devant la juge Servini. Son objectif était qu’il lui soit permis de récupérer les restes de son père, enterré dans une fosse commune.
BF