Graffitis de prison, Cangas de Narcea (Asturies)
Source:
Roberto Álvarez Espinedo
Date Created: 1937, 1938
Extent: 1 item
43.17744, -6.54998
Dans le bâtiment de Cangas del Narcea, dans les Asturies, qui abritait l'ancienne prison du district judiciaire de Cangas de Tineo, aujourd'hui démuni de sa fonction pénitentiaire, on conserve encore aujourd'hui un ensemble de graffiti sur les murs de plusieurs de ses cellules, qui constituent un témoignage exceptionnel de la vie et de la mort dans la Guerre Civile espagnole et l'après-guerre. Bien qu'à Cangas la guerre n'ait duré qu'un mois et, en termes purement militaires, l'entrée des colonnes galiciennes le 22 août 1936, avec le commandant Gómez Iglesias à sa tête, ferme ce volet, il y a un détail important : la capitale du plus grand district des Asturies devint alors le siège de l'un des tribunaux militaires des rebelles. Ici, le processus de persécution des pro-Républicains a commencé très tôt, ce qui donne au site une importance historique et documentaire particulière.
Dans ce que nous appelons le premier cachot, au rez-de-chaussée, apparaissent des calendriers réalisés entre 1937 et 1938, au crayon à charbon sur le mortier de chaux du mur, comme celui que l'on voit sur la photographie, dans lequel les prisonniers rayaient les jours qui passaient de leur incarcération à leur exécution. Il y a aussi plusieurs cartes, dont certaines surprennent par leur détail exceptionnel et leur rigueur dans les données géographiques fournies, et qui ont fait penser à un instituteur républicain emprisonné ou (un peu moins probable) quelqu’un qui avait sous la main des cartes routières qu’il aurait pu reproduire : il peut s’agir de cartographies du conflit, de scénarios de lutte bien connus... Ici apparaît aussi un texte remarquable, dans lequel nous lisons les mots suivants : « Ceci est fait pour toujours en souvenir du fait qu’ils m’exécutent/ J’ai eu des balles pour dessiner et écrire un évènement triste et douloureux... ».
Dans une autre cellule plus grande du premier étage, apparaissent plusieurs scènes, attirant l'attention par leur qualité, comme la représentation soignée d'un combat aérien qui a été attribuée au peintre galicien José Otero Abeledo, connu sous le nom de «Laxeiro», qui semble avoir été emprisonné ici en 1937. Il faut également souligner l’apparition de « Félix le Chat », du cinéma d'animation américain, qui était déjà devenu une icône de la culture populaire en Espagne : si on regarde attentivement, on voit comment il laisse le numéro 7 derrière lui sur le sol, pour avancer résolument avec la date 1938 sur sa griffe et ainsi consigner le changement d'année.
Dans une troisième cellule, apparaissent d'autres pièces de moindre intérêt et en mauvais état.
Les registres des décès de l’état civil font état de quarante-huit condamnations à mort prononcées par le tribunal militaire permanent entre le 10 avril 1937 et le 19 février 1938. Le croisement des noms des personnes traduites en justice avec les graffiti, a révélé des correspondances certaines : Ramón Uría López, Manuel Rodríguez Queipo, Jesús Fuertes Berguiño, alias «Capuchas», entre autres.
RAE, MFFG